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ainsi : « Il est entendu que la Chine, pour l’exploitation de ses mines dans les provinces du Yunnan, du Kouang-si et du Kouang-toung, pourra s’adresser d’abord à des industriels et à des ingénieurs français, l’exploitation demeurant d’ailleurs soumise aux règles édictées par le gouvernement impérial en ce qui concerne l’industrie nationale. Il est convenu que les voies ferrées, soit déjà existantes, soit à construire en Annam, pourront, après entente commune et dans des conditions à définir, être prolongées sur le territoire chinois. » Enfin, on stipulait encore la jonction des lignes télégraphiques françaises ou chinoises. La convention relative à la frontière étendait définitivement les possessions françaises jusqu’à la rive orientale du haut Mékong, en reconnaissant à la France toute la portion située sur cette rive de l’Etat chan de Xieng-hong. L’Angleterre avait elle-même, en 1894, admis le droit de suzeraineté de la Chine sur cette petite principauté et une ou deux autres, afin de constituer ainsi, sous forme d’une bande de territoire chinois, un tampon entre l’Empire des Indes et l’Indo-Chine française.

On fit grand bruit en France de ces conventions, et l’on se complut à raconter les procédés énergiques par lesquels notre ministre à Pékin en avait arraché la conclusion, au nez et à la barbe de son collègue anglais, sir Nicholas O’Connor. Les négociations terminées, M. Gérard, en arrivant au Tsong-li-Yamen au jour fixé pour l’échange des signatures, ne trouve qu’un des deux plénipotentiaires chinois, qui lui exprime, avec force excuses, les craintes que son collègue ne puisse venir. « Rien ne devrait l’empêcher d’être ici, réplique le ministre de France ; veuillez le trouver et le lui dire. » Quelques minutes après, arrive le second Céleste, l’air très ému. « Eh bien ! et votre collègue, revient-il avec vous ? demande M. Gérard. — Non, je crains qu’il ne soit retenu et qu’il ne puisse revenir, je vais tâcher de le trouver. — Pardon, je vous tiens et je vous garde ; je vais me mettre moi-même à la recherche de votre collègue ! » Enfin, au bout d’une heure ou peu s’en faut, les deux Célestes se trouvent réunis et, sommés par M. Gérard d’expliquer tous ces moyens dilatoires, ils expliquent que le ministre d’Angleterre est dans une chambre voisine et se répand en menaces, parlant même d’amener son pavillon. M. Gérard convainc facilement les plénipotentiaires qu’il n’y a rien à craindre ; la convention est signée séance tenante, et sir Nicholas O’Connor, une fois convaincu de l’inutilité