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de la situation à Séoul, le gouvernement russe s’était ainsi assuré la faculté de s’emparer aisément, le moment venu, soit de la Corée, soit du Liao-Toung et de faire aboutir son Transsibérien, en mer libre, dans l’une des deux presqu’îles. Il hésitait encore entre les deux, la première ayant une action plus rapprochée sur Pékin, la seconde le menant plus directement sur le Pacifique et menaçant à la fois l’embouchure du Yang-tze et le sud-ouest du Japon. On ne paraissait pas, du reste, à Saint-Pétersbourg, se soucier d’agir trop tôt et l’on semblait vouloir attendre, pour frapper un grand coup, l’achèvement du chemin de fer qu’on construisait en toute hâte en Sibérie et que l’on comptait mener au moins jusqu’à l’Amour au début de 1900.

A côté des immenses avantages acquis par la Russie, ceux qu’obtinrent ses alliés paraissent assez maigres. L’Allemagne ne s’était pas montrée exigeante : l’allocation de quelques dizaines d’hectares de terrain à Tientsin et en d’autres ports, pour y établir des concessions distinctes, fut tout ce qu’elle demanda. Ce n’était guère qu’une satisfaction d’amour-propre ; l’absence de concessions particulières n’avait pas empêché, pendant les années qui précédèrent la guerre, le commerce allemand de prendre un développement extrêmement rapide en Chine et les maisons allemandes de s’y multiplier. Mais l’avenir devait montrer que l’Empire germanique avait en Extrême-Orient de plus vastes desseins dont il ne faisait qu’ajourner la réalisation.

Quant à la France, elle fit récompenser d’abord ses bons services par les deux conventions que signa à Pékin, dès le 20 juin 1895, son ministre, M. Gérard : le premier de ces instrumens diplomatiques accordait à notre commerce diverses facilités nouvelles sur les frontières de la Chine et de l’Indo-Chine ; le second rectifiait à notre avantage la délimitation de ces mêmes frontières. Un nouveau marché ouvert, Semao, dans le Yunnan, venait s’ajouter aux deux villes de Mong-Tze et de Long-Tcheou, déjà ouvertes depuis 1887 au commerce franco-annamite. Les droits d’importation et d’exportation sur les marchandises entrant ou sortant par ces marchés, et transitant par le Tonkin, déjà réduits aux 7 dixièmes ou aux 6 dixièmes du tarif des douanes maritimes en 1887, étaient encore abaissés aux 4 dixièmes et aux 2 dixièmes du tarif général en ce qui concerne les produits exportés d’un autre port chinois ou destinés à être réimportés dans un de ces ports. En outre, l’article 5 de la convention s’exprimait