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LE PROBLÈME CHINOIS

III.[1]
LA CHINE ET LES PUISSANCES

Si la solution du problème chinois présente tant de difficultés, ce n’est pas seulement que les facteurs en sont multiples, et les prétentions rivales qu’il suscite malaisées à concilier, c’est aussi qu’il s’est posé subitement, dans des termes imprévus, auxquels nul n’était préparé. La situation actuelle de l’Extrême-Orient n’est pas le résultat graduellement atteint d’une longue suite de faits patens ; elle est née brusquement, à la surprise générale, de la guerre sino-japonaise, dont l’issue a dérouté toutes les idées admises en Europe. Sans doute l’effondrement militaire de la Chine n’a été que le dernier terme d’une longue décadence, mais de la profondeur de cette décadence l’Europe ne se rendait pas compte ; sans doute l’impuissance à se défendre et à se réformer, qui s’est révélée en 1894, existait depuis longtemps, mais le monde ne voulait pas la voir : seul le Japon la connaissait et se préparait à en profiter ; la Russie la soupçonnait, mais sans en être assez convaincue pour rien oser encore. Partout ailleurs, l’habileté des Chinois à jeter de la poudre aux yeux, jointe à l’impression de force que produit malgré tout une pareille masse

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1898 et du 1er janvier 1899.