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tenir la Reine en suspens. Puis, au bout de quinze jours, on rédigea une réponse où, pour éviter de prendre à partie directement la Reine-Mère, on accusait d’Épernon de tout le mal. Dans cette lettre, rendue publique comme celle de la Reine, on reprochait au duc d’avoir osé entreprendre sur la liberté de la mère de son Roi, au moment même où le fils ne songeait qu’à se rapprocher d’elle. On déclarait que la lettre signée par elle avait été certainement écrite par le duc qui la tenait en sa puissance. On faisait appel aux sentimens maternels pour engager Marie de Médicis à rétablir la paix dans l’État en ajoutant que, si sa demeure de Blois ne lui était pas agréable, elle pouvait choisir sa résidence partout où elle voudrait dans le royaume.

Quant au duc, il était révoqué de sa charge de colonel-général de l’Infanterie et on nommait à sa place le duc de Vendôme ; on lui enlevait ses emplois, ses places et ses gouvernemens : on déclarait qu’il serait exclu de tout arrangement et serait traité comme rebelle et coupable de lèse-majesté.

En un mot, en séparant le cause du duc d’Épernon de celle de la Reine, on laissait entendre clairement qu’on renonçait à user de rigueur à l’égard de celle-ci. Et c’est, en effet, ce qui arriva. Dans un conseil réuni le 11 mars, on décida, tout en continuant les arméniens, « de chercher une solution pacifique plutôt que de recourir à une répression méritée » et deux négociateurs, esprits concilians, dont le choix dut être particulièrement agréable à la Reine-Mère, M. de Béthune et le Père de Bérulle, fondateur de l’Oratoire, furent envoyés à Angoulême pour lui porter la lettre du Roi, lui faire connaître les sentimens où on se trouvait à la cour et rechercher les bases d’un arrangement pacifique.


C’est alors qu’on se rendit compte à la cour de la faute qu’on avait commise en éloignant de la Reine-Mère le conseiller avisé et conciliant qu’une rancune imprudente avait exilé à Avignon, On avait ainsi jeté Marie de Médicis dans les bras de Ruccellaï et de d’Epernon. La belle avance !

D’ailleurs, il y avait, auprès du Roi, auprès du duc de Luynes, des gens tout prêts à saisir la première occasion de parler en faveur de l’évêque de Luçon : c’était, en premier lieu, le Père Joseph, c’était Bouthillier La Cochère, et c’était même Déagent, qui,