aurait voulu passer outre au défaut de consentement de Constantinople ; mais le prince Ferdinand, retenu par des considérations de politique générale, n’y a pas consenti, et M. Stoïlof s’est retiré. Après une crise de quelques jours, il a été remplacé par M. Grekof, ancien ami de M. Stamboulof, qui a représenté jusqu’à ce jour plutôt l’influence autrichienne que l’influence russe ; mais, éloigné depuis longtemps du pouvoir, il serait téméraire de dire avec quelles dispositions il y revient. D’ailleurs, des influences différentes sont représentées au ministère : nous sommes en présence d’un cabinet de conciliation. Quoi qu’il en soit, tous les projets formés en Bulgarie restent en suspens, et c’est peut-être là, plus qu’en Macédoine même, qu’il faut chercher l’explication des menaces venues de ce dernier pays. Si M. Stoïlof a cru inquiéter la Porte, et l’amener par ce moyen à se montrer de composition plus facile, il s’est trompé, au moins pour cette fois. La Porte a pris immédiatement, et elle continue de prendre, avec une extrême activité, des mesures de précaution énergiques sur les endroits les plus exposés aux tentatives des comités insurrectionnels. Il est probable qu’elle a trouvé des dispositions favorables en Russie, en Roumanie, en Grèce, — la Grèce est pour le moment satisfaite de son lot, et ne tient nullement à aider les autres à s’assurer du leur, — en Serbie, enfin dans tous les petits pays qui ont sur la Macédoine exactement les mêmes prétentions que la Bulgarie elle-même. Les choses en sont là. Quelles que soient ses sympathies pour la Bulgarie et pour la Macédoine, l’Europe, qui vient de traverser, d’ailleurs sans gloire, mais non sans peine, l’épreuve arménienne et l’épreuve helléno-crétoise, a peut-être droit de reprendre haleine avant de se laisser mêler à une nouvelle crise. Or la question macédonienne, une fois ouverte, serait d’autant plus difficile à clore que toute la question d’Orient s’ouvrirait avec elle.
FRANCIS CHARMES.
Le Directeur-gérant,
F. BRUNETIÈRE.