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REVUE LITTÉRAIRE

UN ROMAN DE M. PAUL ADAM

Évocation tumultueuse d’une époque héroïque, large tableau d’histoire, établi sur des dessous solides, brossé avec emportement, œuvre d’imagination ardente, de riche coloris, de souffle puissant, le roman de M. Paul Adam, la Force[1], est un livre trop long encore, touffu, confus et trouble, et déparé par des taches tout à fait regrettables, mais qui s’impose à l’attention, fait prendre rang à son auteur et clôt enfin pour lui la période de fiévreux tâtonnemens d’où son impatience laborieuse n’avait jusqu’à présent pas réussi à le tirer. Car il s’en faut que ce livre soit un livre de début ; il s’en faut d’un peu plus d’une vingtaine de volumes. M. Paul Adam, qui est fort jeune, est déjà l’un des auteurs de notre temps dont la production a été la plus abondante. Il a dans un court espace de temps entassé études, restitutions historiques, romans de mœurs contemporaines. Les influences qui se sont fait sentir pendant ces dix dernières années pénètrent cette œuvre bizarre et composite. Fortement engagé d’abord dans le symbolisme, et subissant quand même la tyrannie du naturalisme, M. Paul Adam s’est composé un art où la peinture brutale de la réalité s’accompagne d’on ne sait quelle métaphysique nuageuse. Il décore ses livres de titres énigmatiques et pompeux ; il invente, comme tout le monde, une nouvelle formule de roman. En moins de deux ans, il passe d’un roman vaguement socialiste, le Mystère des Foules, à un roman péniblement licencieux, l’Année de Clarisse, à un roman militaire, la Bataille d’Uhde. Tous ces livres portent la marque de l’improvisation. Ils sont écrits sans ordre, sans mesure, d’un style violent,

  1. La Force, par M. Paul Adam, 1 vol. in-12 (Ollendorff).