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LES IDÉES MUSICALES
D’UN RÉVOLUTIONNAIRE ITALIEN


Mazzini : Filosofia della musica (Scritti editi ed inediti, vol. IV : Milano, Carlo Aliprandi, (1897).


La musique étant le plus social ou le plus sociologique des arts, il est naturel qu’elle ait souvent attiré l’attention et la sympathie des socialistes, des démocrates et des révolutionnaires. Par ces noms divers on nous permettra d’entendre ici, sans distinction et sans jugement, une seule classe d’hommes : ceux que possède le souci des questions sociales et le zèle des causes populaires ; les avocats du peuple, ou ses apôtres ; ceux qui se donnent pour mission de chercher et de procurer, par la parole ou les actes, ce qu’ils croient le bien du plus grand nombre ; ceux que l’amour de leurs frères illumine et conduit, à moins qu’il ne les aveugle et ne les égare. Ces hommes, lorsqu’ils écrivent, ne craignent pas d’accorder à la musique une place en leurs écrits. Ils lui demandent souvent de consacrer leurs théories, ou de bercer leurs rêves. Volontiers, et non sans quelque raison, ils voient en elle une représentation ou un exemple, en même temps qu’une vertu ou un bienfait. Il est vrai qu’elle contient tout cela.

La musique est sociale par nature. Plus que d’autres arts, elle offre non seulement l’image, mais l’idéal d’une société. En elle tout est nombre. Ceux mêmes de ses élémens qui paraissent le plus uns : une mélodie, que dis-je, une note isolée, sont en réalité composés et multiples. Une œuvre musicale : fugue, sonate, chœur, symphonie, est, par définition et par essence, collection et groupe.