pots, par mètre cube, 584 grammes d’azote appartenant à des nitrates ; 539 grammes dans l’eau écoulée d’un autre. Au mois d’avril, 664 grammes pour l’un, 466 grammes pour l’autre. Ces nombres sont prodigieux ; d’ordinaire, les eaux de drainage des terres nues renferment 10, 20, ou 40 grammes d’azote nitrique par mètre cube. J’étais si peu préparé à comprendre les causes de cette nitrification excessive que je crus à quelque irrégularité dans l’envoi de terre ; mais l’année suivante, en 1892, des terres expédiées d’Auvergne présentèrent le même fait : on recueillit des eaux renfermant : dans un cas, 884 grammes, et dans l’autre, 4i0 grammes d’azote nitrique par mètre cube.
Évidemment, on se trouvait devant un phénomène qui méritait d’attirer l’attention, et on chercha à obtenir, par une trituration régulière, les grandes quantités de nitrates observées fortuitement. On y réussit parfaitement : tandis que des terres restées en place dans les pots, où elles étaient en observation depuis plusieurs années, renfermaient environ 20 milligrammes d’azote nitrique par kilogramme, d’autres échantillons remués, triturés à de fréquentes reprises dans un bâtiment de la Station agronomique, renfermaient respectivement, par kilogramme, 440, 510 et 710 milligrammes d’azote nitrique.
Une autre expérience, de plus longue durée, portant sur environ un mètre cube de terre maintenue humide et travaillée régulièrement à la bêche, dans une étable non habitée, a dévoilé des faits encore plus curieux. Non seulement les nitrates y ont augmenté peu à peu, tellement qu’après deux ans, l’azote qui en faisait partie atteignait la quantité énorme de 2 grammes par kilog., mais en outre l’azote des matières organiques n’avait pas diminué. Ce n’était pas celui des composés humiques qui s’était nitrifié, mais bien de l’azote atmosphérique, fixé dans le sol par action microbienne. Quels sont les mécanismes de cette fixation, de cette transformation ? Nous ne le savons encore que confusément ; il nous suffit d’avoir constaté le fait pour que nous reconnaissions à quel point le travail du sol est efficace.
Il l’est, pourvu que l’humidité ne fasse pas défaut et que la terre soit aérée. Ce sont là les conditions nécessaires à la vie des plantes et à celle des fermens.
Autant l’eau qui se renouvelle est salutaire, autant l’eau stagnante est nuisible, et le travail du sol a pour but, non seulement de faire pénétrer l’eau, mais encore d’en assurer l’écoulement.