vides dans lesquels l’eau peut se loger sont plus nombreux, plus spacieux dans la terre meuble que dans la terre tassée, et c’est déjà là un fait d’un haut intérêt. Ce n’est pas tout : continuons à faire tomber l’eau en pluie sur les deux terres saturées, l’une et l’autre ; le liquide qui arrive sur la terre meuble continue à s’infiltrer rapidement, il traverse et tombe au-dessous de l’entonnoir ; la pluie qui tombe sur la terre tassée n’y pénètre qu’avec une extrême difficulté ; elle ne tarde pas à former une nappe à la surface. Or, elle n’y séjourne que parce que les bords de l’entonnoir la retiennent ; visiblement, si elle était tombée sur un sol légèrement incliné, elle aurait glissé et se serait écoulée jusqu’au ruisseau voisin ; ou, si elle avait séjourné, elle aurait disparu par évaporation, au premier rayon de soleil.
Pour mieux savoir comment l’eau s’infiltre dans les terres, meubles ou tassées, j’ai fait construire des cloches en cuivre rouge, munies, au fond et sur les parois, de tubulures placées les unes au-dessous des autres ; puis, après avoir garni l’une de terre meuble et l’autre de terre tassée, je les ai exposées à la pluie pendant l’hiver, en ayant soin de les loger dans des boîtes de bois garnies de sable, afin de les garantir de réchauffement extérieur. Les tubulures latérales passaient au travers d’une des parois de ces boîtes, de façon qu’on pût toujours prélever aux diverses hauteurs des échantillons de terre, pour y déterminer l’humidité.
On reconnaît ainsi que, très vite, l’eau descend au travers de la terre meuble ; après quelques jours, les couches profondes sont aussi humides que les couches superficielles. Il n’en est plus de même pour la terre tassée ; après un mois, on ne trouve encore que de faibles quantités d’eau dans les couches profondes. Dans un cas, toute la hauteur de terre ameublie est mouillée ; dans l’autre, l’eau reste dans les couches supérieures. Si on prolonge l’expérience assez longtemps pour que les deux terres soient saturées et que l’eau s’écoule par l’orifice inférieur, puis qu’on mesure l’eau écoulée dans un flacon, qui simule le sous-sol sur lequel repose la terre, on constate des résultats du plus haut intérêt.
Quand on a opéré sur une terre forte, on a trouvé que sur 100 d’eau tombée, il en reste 21,9 dans le lot ameubli et seulement 10, 2 dans celui qui a été tassé ; ce dernier n’a laissé couler dans le flacon inférieur que 9,6 tandis que 64,4 de l’eau tombée a traversé la terre ameublie ; l’évaporation n’y a été que de 13,7 ; pour la terre tassée elle s’est élevée à 80,1.