On étonne profondément un cultivateur quand on lui demande pourquoi il travaille sa terre. Il sait bien que ce travail est nécessaire et qu’on le pratique depuis un temps immémorial ; une expérience journalière lui a si clairement démontré qu’une terre non ameublie ne donne que de misérables récoltes, qu’une discussion sur ce sujet lui paraît oiseuse. Si on insiste cependant, on s’aperçoit bien vite qu’il n’a que des connaissances empiriques ; des observations répétées lui ont appris comment il doit opérer pour ameublir sa terre, mais il ignore en quoi cet ameublissement est favorable à la végétation ; le déterminisme des phénomènes, comme disait Claude Bernard, lui échappe.
Il est naturel que cette ignorance ait longtemps persisté ; pour qu’elle se dissipât, il a fallu que les conditions de vie de la plante aient été découvertes et qu’on ait reconnu qu’elles ne sont assurées que dans une terre bien travaillée. Ces notions sont nouvelles,
- ↑ Voyez la Revue du 1er juin 1898.