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qui fut voté par la Chambre des Lords, avait d’abord consenti à une exécution définitive et durable ; mais, devant les réclamations des Terre-Neuviens, elle abandonna son projet et, finalement, n’accepta plus qu’une exécution provisoire, restreinte à un délai de trois ans. Le gouvernement de Paris ne pouvait admettre une pareille solution, et l’arbitrage n’eut point lieu. On connaît la suite.

Telle a été pendant les cinquante dernières années la politique de la France vis-à-vis de l’Angleterre. « Est-ce là la politique d’un pays qui se refuse à toute transaction, qui cherche toutes les occasions de nuire à son voisin sans profit pour lui-même ; n’est-ce pas au contraire la politique large et conciliante d’un grand pays qui ne veut pas abandonner légèrement ses droits[1] ? » La France peut-elle aujourd’hui faire plus que ce qu’elle a fait en 1884 et en 1885 ? Doit-elle, comme on le lui réclame de l’autre côté de la Manche, faire litière de tous ses droits ? On ne comprendrait pas de sa part une pareille abnégation. Faut-il rappeler qu’en 1815, le duc de Richelieu a refusé de céder contre l’île Maurice les privilèges que la France possédait à Terre-Neuve ? Si une compensation est possible, c’est à l’Angleterre de parler la première ; en attendant ses propositions, la France ne peut que conserver ses droits qui sont incontestables et lui suffisent. « Aujourd’hui comme hier, — a dit éloquemment le 23 janvier 1899, devant la Chambre des députés, notre ministre des Affaires étrangères, M. Delcassé[2], — toujours calme et toujours digne, dominée toujours par la préoccupation de ses intérêts essentiels, la France reste prête à tout examiner, à tout discuter avec l’esprit de conciliation et de transaction qui est la loi même de toute politique prévoyante, avec la volonté de ne rien prétendre que son droit, mais avec la conscience aussi que son droit n’est à la discrétion de personne. »


PAUL FAUCHILLE.

  1. Discours de M. Ribot à la séance de la Chambre des députés, du 23 janvier
  2. Journal officiel. Débats parlementaires de la Chambre des Députés, p. 121.