français était considéré, sinon par les traités, du moins en pratique, comme un droit exclusif. Mais, en 1851, l’île de Terre-Neuve était dotée du self-government. Ce changement dans la constitution de l’île augmenta les exigences de ses habitans. Animés d’un égal esprit de bienveillance et de conciliation, les gouvernemens anglais et français convinrent, le 14 janvier 1857, d’un arrangement nouveau : cet arrangement restreignait les limites sur lesquelles s’étendait le droit de pêche de la France, mais la Grande-Bretagne déclarait expressément que, dans ces limites, ce droit était exclusif. C’était encore trop pour les Terre-Neuviens. Ils protestèrent vivement contre le traité, qui ne put être mis à exécution. Ainsi, l’Angleterre était prise entre la constitution qu’elle avait octroyée à sa colonie et le traité d’Utrecht. Des causes nouvelles d’opposition ne tardèrent pas à surgir. Dans les années qui suivirent, des mines étaient découvertes dans la colonie. Les habitans révèrent d’exploiter ces ressources minérales. Seulement, pour cela, il fallait, contrairement aux stipulations des traités, qu’ils pussent faire des établissemens définitifs sur la côte. Le gouvernement britannique entama des négociations sur cette base avec le cabinet de Paris, et celui-ci, cette fois encore, ne se refusa point à une transaction. Des arrangerons étaient signés, le 26 avril 1884 et le 14 novembre 1885, entre les commissaires français et anglais, qui, sans discuter nos droits de pêche sur le French Shore, autorisaient les sujets britanniques à exploiter des mines sur la côte réservée, à y élever les établissemens nécessaires au développement de toute industrie autre que celle des pêcheries, et à établir un chemin de fer sur la partie occidentale de l’île ; en échange, les pêcheurs français recevaient expressément le droit d’acheter la boette à terre ou à la mer. Tout s’écroula de nouveau par l’opposition du Parlement de Terre-Neuve. Ces arrangemens de 1884 et de 1885 furent même la dernière manifestation que donna le gouvernement britannique en faveur du droit dominant des pêcheurs français.
À partir de 1886, un revirement brusque se produisit à Londres. L’opposition des Terre-Neuviens prenant une tournure de plus en plus violente, L’Angleterre va désormais s’efforcer de modifier L’interprétation de ses anciens traités, de manière à satisfaire pleinement les désirs de sa colonie. Le 18 mai 1886, une loi terre-neuvienne prohiba la vente de l’appât aux pêcheurs étrangers.