monumens historiques plus palpilans de vie et de passion. Il intitule lui-même ce plaidoyer : Caput apologeticum. L’évêque dicte à Le Masle, prend la plume, la repasse à un autre secrétaire, puis à Charpentier, puis à Le Masle encore ; les phrases sont courtes, pleines, d’une seule venue ; l’écriture se hâte pour mieux suivre une pensée plus rapide que l’éclair.
Début brusque où l’on sent toute la crainte encore présente du procès de la maréchale d’Ancre et du réquisitoire de Servin : « Qui a jamais ouï parler que des civilités fussent des crimes ? » Il s’agit des lettres si obséquieuses que l’évêque écrivit au maréchal d’Ancre et citées contre lui au procès. « Si c’est crime, qui en est exempt ? Quel seigneur, quel officier, quel prince n’est point tombé en cette faute ? » Alors, rappelant avec raison que toute la France a été aux pieds du maréchal, et notamment ces cinq ministres qui, aujourd’hui, sont de si âpres accusateurs, il pousse sa pointe : « Tous les biens, toutes les charges et dignités qu’il possédoit (il s’agit du maréchal), c’est de leur temps, voire même à la sollicitation de quelques-uns qui lui donnoient la main… Est-ce crime d’avoir eu habitude avec lui, si cela ne l’a point été d’un personnage de mérite et de sagesse y contractant une étroite amitié, mariant ses enfans avec les siens (il s’agit de Villeroy). » — « Si être venu en charge de son temps, c’est un crime, qu’a fait le sieur du Vair qui l’en exempte ? » Puis, répétant une phrase qu’il a déjà mise dans une lettre à Louis XIII, et qui a quelque chose de si direct qu’on peut penser que le Mémoire était destiné à être mis sous les yeux du roi : « Jamais je n’ai rien fait que je n’aie cru certainement, en ma conscience, être avantageux au Roi, et je puis dire devant Dieu avoir toujours eu une passion très grande de lui complaire, je ne dis pas seulement à lui comme roi, mais comme Louis XIIIe. »
Une autre incrimination aussi redoutable, à l’heure présente, que celle des relations avec le maréchal d’Ancre s’est produite. Il l’aborde avec beaucoup de simplicité : « J’ai obéi à la Reine, il est vrai ; mais de qui tout le monde recevait-il la volonté du Roi que de sa bouche ? Les particuliers petits et grands, les communautés (il s’agit évidemment du parlement), ne les ont point pris d’autres. Nul n’a jamais révoqué en doute ce qui sortoit de la bouche de notre princesse et je proteste devant Dieu ne lui avoir jamais ouï dire parole, ni connu intention qui pût déplaire au Roi, mais au contraire toute affection. »