cantons de Vaud et de Genève, afin de la contraindre et de l’entraîner. Tout indiquait qu’il serait un allié incommode et dangereux. Mener tout, seul, envers et malgré l’Empereur ; tirer de la France assez de sang et d’argent pour expulser les Autrichiens de la Péninsule ; et s’emparer ensuite de toute l’Italie, peu à peu et progressivement, tels étaient les calculs de ce politique redoutable.
Le silence est d’or : Napoléon III l’avait oublié le 1er janvier. Ses imprudentes paroles auraient pu lui coûter cher, s’il s’était trouvé dans les conseils de François-Joseph un ministre audacieux tel que le prince de Schwarzenberg. Sans être prêt lui-même, il avait témérairement prévenu l’Autriche, lui donnant le temps, le prétexte et l’occasion d’armer, d’augmenter ses effectifs dans la Péninsule, de dresser son plan de campagne, de choisir son terrain, de recruter des alliés, de prendre l’offensive et de se ruer sur le Piémont avant que nos soldats eussent fait seulement une étape de l’autre côté des Alpes. Il eût fallu en effet être sourd et aveugle pour se méprendre sur le sens et la portée des paroles de Napoléon III. La diplomatie autrichienne, d’ailleurs, était renseignée ; elle ne savait pas tout, mais ce qui lui était revenu des propos tenus à Baden par M. de Cavour, à son retour de Plombières, de ses menées révolutionnaires dans la Péninsule, et de ses connivences avec Klapka, l’éclairait suffisamment. Aussi le cabinet de Vienne n’hésita-t-il pas à précipiter ses arméniens. Il accumula des forces énormes dans ses provinces italiennes, transforma la Lombardie en camp retranché, occupa Plaisance, au mépris des traités, et invoqua le concours diplomatique de l’Angleterre et l’assistance militaire de la Confédération germanique.
« Le comte Buol, télégraphiait lord Loftus à son gouvernement le 27 janvier, ne doute pas de l’assistance de l’Allemagne ; il a reçu les assurances les plus satisfaisantes de toutes les cours ; toutes désapprouvent l’attitude de la France et se montrent résolues à marcher avec l’Autriche. Le ministre est enchanté de l’esprit et du langage de la presse allemande ; il dit que, si le gouvernement français essayait de désunir l’Allemagne, ses efforts avorteraient. »
À Londres et à Berlin, on réprouvait également notre politique. Interpellé par lord Cowley, l’Empereur finit par reconnaître qu’il avait pris des engagemens avec le cabinet de Turin. — « Ce que