subirait pas moins une augmentation proportionnelle. Toujours est-il que le premier effet de l’introduction en Chine de l’industrie européenne, ne peut manquer d’être, comme les débuts le prouvent, un énorme accroissement de la puissance de consommation des indigènes, une élévation de leur étalon de vie, consécutifs à l’augmentation de leurs salaires. Si donc les exportations de l’Europe vers l’Extrême-Orient peuvent se trouver atteintes en ce qui concerne par exemple les filés de coton que l’on fabriquera en Chine même, l’industrie occidentale retrouvera une large compensation sur d’autres points par la simple raison que plus les Chinois seront riches, plus ils lui achèteront. La seule introduction des machines suffira, comme le montre l’exemple du Japon, à constituer toute une nouvelle branche d’importations des plus considérables.
Pour réaliser ces brillantes espérances, il faut toutefois encore de graves modifications à la situation actuelle. L’ouverture à la navigation européenne de toutes les eaux intérieures accordée aux instances de l’Angleterre en 1898, la concession de diverses lignes de chemins de fer et d’exploitations minières en plusieurs parties de la Chine pourront avoir les plus hautes conséquences que nous nous proposons d’étudier plus tard. Aujourd’hui toutefois, elles n’ont pu encore porter leurs fruits : le mouvement industriel est limité aux ports ouverts et il faut ajouter que ce sont aussi les seules régions du pays situées dans un voisinage assez immédiat de ces ports qui participent au mouvement d’échanges avec l’extérieur.
Les causes d’un tel fait méritent d’être exposées, parce qu’elles montrent l’incurable hostilité de l’administration chinoise à toute réforme, en même temps qu’elles indiquent les points sur lesquels les nations européennes doivent faire porter leurs réclamations.
Les droits de douane, en Chine, ont été fixés d’après les traités à un taux qui se rapproche toujours beaucoup de 5 pour 100 ad valorem ; ils sont donc légers et sont perçus avec la plus grande régularité, pour le gouvernement impérial, par une administration dont les cadres sont européens et qui a été admirablement organisée par sir Robert Hart. C’est l’impossibilité de soumettre les commerçans étrangers aux procédés arbitraires et corrompus d’officiers des douanes indigènes, sans provoquer des conséquences graves, qui a amené la formation de ce corps