de départ de tant de Basques pour la République Argentine et l’Amérique du Sud ; et le Boucau, origine des pionniers fameux, hardis marins, demi-colons et demi-flibustiers, qui parcoururent jadis les Antilles sous la désignation de boucaniers.
Barcelonnettes et Corses ont presque toujours débuté de la même manière : la venue d’un premier Barcelonette au Mexique, lequel en a appelé un autre, puis un autre ; le débarquement en un pays quelconque de matelots corses qui s’y sont établis, bientôt suivis d’autres Corses, parens ou amis, qui ont rejoint les premiers arrivés. Au Venezuela, par exemple, les régions de Carupano et de Barcelona ne sont autre chose que des colonies de Corses. Le commerce entier de Carupano, commerce très important, est entre leurs mains, et ils se partagent avec les Allemands celui de Ciudad-de-Bolivar, sur l’Orénoque.
Toutes les provinces fertiles du Sud-Ouest, dans l’île espagnole de Porto-Rico, sont peuplées de Corses qui y ont créé de magnifiques plantations. Là, chaque jour, de nouveaux compatriotes débarquent et viennent se joindre à ceux anciennement établis. Ces colonies ont beaucoup d’analogie avec celles des Allemands. Elles sont la preuve que nous serions aptes à la colonisation, si nous nous décidions à aller aux colonies.
Mais, en fait, nous restons avec nos territoires conquis sans pouvoir, jusqu’ici, les peupler de nos nationaux, les mettre en valeur et en tirer profit. Nous les mettons en administration. À grands frais, nous y envoyons une foule de fonctionnaires, intronisant en ces pays nouveaux nos mœurs administratives et gouvernementales. Nous y installons un système de gestion aussi admirable que compliqué ; nous mettons enfin ces colonies sur pied, toutes prêtes pour l’exploitation. Mais, répétons-le, pour les exploiter, il y manque des colons. Il y manque surtout l’élément essentiel de toute colonisation, l’activité commerciale.
Après ce rapide coup d’œil sur le mode de colonisation des Anglais et sur le nôtre, voyons enfin ce que, de leur côté, font les Allemands.
Dans l’actuelle curée des pays exotiques, ils paraissent moins ardens que nous, et, sauf le morceau qu’eux aussi réclament dans le partage des terres africaines, ils ne semblent courir après aucune conquête. La prise récente de possession de Kiao-tchéou ne saurait elle-même