mais une concrétion du rein. Cet organe, que l’on appelait autrefois l’organe de Bojanus, consiste en un sac en forme de poire, ouvert à la pointe pour l’évacuation de sa sécrétion. La paroi du sac, au lieu d’être régulière, est plissée et tourmentée ; la cavité libre forme une sorte de canal anfractueux. Les cellules glandulaires qui le bordent y poussent un prolongement qui s’emplit de sucs et de concrétions, et qui tombe enfin dans cette cavité. Ces concrétions urinaires, dans certaines conjonctures, au lieu d’être évacuées au dehors, s’agglomèrent en couches concentriques. La perle est formée. D’après cela, la perle, c’est-à-dire le joyau pur et noble par excellence, ne serait, en définitive, rien autre chose qu’une pierre néphrétique, un simple calcul urinaire. Il faudrait voir, dans l’huitre perlière, un malheureux mollusque graveleux, calculeux, perclus.
L’organisme fait des efforts tantôt vains, tantôt couronnés de succès, pour se débarrasser de ce produit pathologique. Les pêcheurs sont persuadés que l’animal expulse quelquefois violemment la perle, particulièrement dans les temps orageux. Lorsqu’ils recueillent les pintadines, ils ont soin de fermer vivement les valves pour empêcher cette expulsion. En tous cas, que ce soit d’une façon ou d’une autre, la perle finit par se frayer un chemin à travers les tissus mous, délicats, sans résistance. Elle tombe habituellement dans la glande génitale qui est voisine de son lieu de production ; dans le manteau, aux environs du muscle adducteur ; dans les branchies. Il advient aussi qu’elle prenne contact avec la couche nacrée de l’écaille, qu’elle s’y soude et semble y avoir pris naissance ; elle s’enlize de plus en plus dans le dépôt des nouvelles couches de nacre, et finalement peut y être submergée. Le cas n’est pas rare et les acquéreurs de nacre ont soin de rechercher ces perles enclavées. Un négociant de Paris, M. D. Léobodti, a trouvé moyen de les extraire, sans les briser, et de leur rendre leur primitif éclat. La collection du Muséum lui doit des échantillons remarquables de ce travail. S’il est vrai, d’après cela, que les corps placés au contact de la nacre tendent à s’y encastrer et à y disparaître, bien loin d’en saillir et de s’en séparer, il devient difficile de considérer la perle comme une production du manteau.
L’examen microscopique, en révélant la structure de la perle, semblait devoir trancher la question de son origine. On a donc débité des perles en tranches minces et on les a soumises à ce genre