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nacres commerciales plus ou moins estimées. La plupart de ces coquillages fournissent aussi des perles. C’est précisément l’Haliotide, abondante sur les fonds rocheux de la Manche, que M. L. Boutan a prise pour sujet de ses expériences de production artificielle. Il faut encore citer, parmi les mollusques margaritifères, la Tridacna ou Bénitier, l’Avicule hirondelle, le Marteau ordinaire, la Vénus vierge.

Il y a donc dans nos mers tempérées de l’Europe des mollusques qui peuvent donner la nacre et la perle. Bien plus, il y en a dans nos fleuves, dans les eaux saumâtres des deltas et des embouchures, ou même dans les eaux douces des étangs, des rivières et des ruisseaux. Tels la mulette des peintres (Unio pictorum) et l’huitre perlière d’eau douce (Margaritana margaritifera) que l’on trouve dans les torrens des montagnes en Bavière, en Saxe, en Bohème et dans tout le nord de l’Europe. Les rivières du Pesth, du Tuy et du Don, en Écosse, fournissaient au commerce de petites perles que l’on appelait « perles d’Écosse. » On en récoltait aussi dans les autres contrées de l’Angleterre, et particulièrement du pays de Galles ou même de l’Irlande. De temps à autre on trouve parmi ces grains des perles plus grosses dont la valeur marchande peut s’élever jusqu’à 500 francs. Ces perles d’Écosse étaient connues au temps des Romains ; Tacite en parle, et c’est avec ces perles calédoniennes que Jules César fit orner la cuirasse de la Vénus Genitrix.

Il existe, en Chine, une espèce voisine de l’Anodonte, la Barbata plicata, qui donne lieu à une production artificielle assez curieuse. Les Chinois l’élèvent soigneusement et lui font produire des perles à volonté : bien mieux, ils l’emploient à nacrer ou à perler un grand nombre d’objets de petite dimension, dragons, statuettes, magots, médaillons, petites boules, poissons naturels, c’est-à-dire à les revêtir d’une couche de matière perlière, présentant l’aspect et l’éclat chatoyant de la perle véritable. Il existe dans les collections du Muséum des spécimens de cette curieuse industrie de recouvrement que l’on a ingénieusement comparée à une sorte de galvanoplastie vivante.


III

Nous avons dit les ressemblances de l’huître perlière et de l’huître comestible. Chez les deux espèces, la charnière est droite.