nacre constitue le revêtement interne du test et représente les quatre cinquièmes, au moins, de son poids. La coquille peut être plus ou moins rugueuse au dehors, mais elle offre, au dedans, au contact du manteau, une surface douce et polie, chatoyante, à reflets teintés de toutes les couleurs du prisme.
Cette belle substance d’où la lumière fait jaillir de véritables feux irisés offre de précieuses ressources pour la décoration. L’industrie, et particulièrement l’industrie française, l’emploie abondamment aujourd’hui pour la tabletterie, la marqueterie, l’ébénisterie, la fabrication des éventails, la fabrication des boutons. Elle était autrefois beaucoup plus rare et d’un prix ; bien plus élevé. C’était vraiment une matière de grand luxe que les Orientaux réservaient pour les incrustations des bijoux ou des meubles les plus somptueux. Aujourd’hui la plus belle nacre est tombée au prix de 37 francs le kilo, prise en tonnes. Cet abaissement de valeur date de la découverte de la Polynésie et de l’établissement des Européens dans cette cinquième partie du monde ; il est dû à l’exploitation des pêcheries Océaniennes. C’est, en effet, sur les fonds du Pacifique, ainsi que nous l’avons dit tout à l’heure, que prospère la grande pintadine ; et c’est elle qui fournit la nacre la plus recherchée pour sa consistance, son poids, la richesse de ses teintes irisées et la diversité de ses couleurs. La France était encore, il y a quelques années, le pays qui employait le plus de nacre. D’après M. Bouchon-Brandely, elle en importait, en 1883, au delà de 2 200 tonnes, dont la majeure partie, 1 500 tonnes, lui venait de Londres. Nos établissemens d’Océanie, qui en fournissent à eux seuls 600 tonnes, ne nous en expédiaient directement que 70 tonnes : le reste transitait par l’Angleterre et ne nous arrivait qu’après avoir payé tribut à nos voisins d’outre-Manche.
La nacre n’est pas une production spéciale à l’huître perlière ; pas plus d’ailleurs que la perle. Il y a beaucoup de coquillages nacrés, et qui peuvent, par conséquent, donner des perles, à l’occasion. Nous savons seulement qu’aucun n’est comparable à la pintadine pour l’abondance, la constance, la régularité et la beauté de ces productions. Les Haliotides, ou oreilles de mer, les Turbo ou burgaus qui vivent dans toutes les eaux marines, les Nautiles flambés communs aux îles Nicobar, dans le golfe du Bengale, les Pinnes ou Jambonneaux qu’on trouve dans le sable de la Méditerranée, les Trochus ou toupies, peuvent fournir des