Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 151.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur faire la production artificielle du laboratoire de Roscoff. En supposant que ses produits puissent lutter d’éclat avec les perles de l’Orient, de Panama ou de Tahiti, ce ne serait encore qu’une pêcherie de plus à ajouter à la liste déjà longue de celles qui sont en activité dans le monde entier.

Ces renseignemens comportent encore une autre conclusion. Ils nous montrent combien étendu est l’habitat de l’huître perlière et qu’il forme, en quelque sorte, une ceinture complète autour du globe.


II

Le mollusque qui produit la perle-type, et qui a tant de traits de ressemblance avec l’huître ordinaire, n’est cependant pas une huître véritable, pour le naturaliste classificateur. Il appartient à un genre voisin, le genre Avicule. Son nom spécifique est Meleagrina margaritifera. On l’appelle communément pintadine ou mère-perle. On peut se le représenter comme une huître assez régulière, dont les deux valves sont également bombées et presque égales.

On distingue deux variétés de ces mollusques, qui se différencient par leur taille et, au point de vue commercial, par la « qualité de leurs produits. L’une est la grande pintadine qui peut atteindre jusqu’à 30 centimètres de diamètre et 10 kilos de poids : l’autre, Meleagrina radiata, est la petite pintadine ou linga ; son diamètre ne dépasse guère une douzaine de centimètres et son poids cent à deux cents grammes. L’une et l’autre se rencontrent dans les mêmes mers des Indes et de Chine ; mais la petite pintadine se cantonne plus spécialement dans le golfe Persique, dans la Mer-Rouge, dans le golfe des Antilles et au nord de l’Australie. C’est la grande pintadine qui domine dans le reste de la Malaisie, aux îles de la Sonde, et sur la côte orientale de l’Afrique. Les deux variétés peuvent produire des perles également fines ; mais c’est la grande pintadine qui fournit la plus belle nacre.

L’histoire de la nacre est inséparable de l’histoire de la perle. L’huître perlière est recherchée pour l’un et l’autre de ces produits, précieux à des degrés divers. Si la coquille ne contient point de perle, et cela arrive trois fois sur quatre, il reste toujours la nacre ; le pêcheur n’a pas entièrement perdu sa peine. La