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énorme, qui l’appelle à grands cris jusqu’à ce qu’il ait paru au balcon et béni la foule pieusement agenouillée… Il s’est ouvert à Paris une quantité énorme de boutiques où l’on vend des chapelets et des rosaires. Les cardinaux en distribuent une incroyable quantité. On dit qu’il y avait des magasins où l’en en vendait plus de cent douzaines par jour. Dans le courant du seul mois de janvier, un marchand de rosaires réalisa quarante mille francs de bénéfice net. »

Voici maintenant la description d’une revue passée par Napoléon à Compiègne, le 17 juin 1804, et où Reiset assista avec son régiment. « Nous prîmes notre rang de bataille dans la grande plaine de Compiègne : il y avait onze régimens de dragons réunis, tous se disputant l’avantage pour la tenue et l’instruction. Chaque brigade, l’une après l’autre, mit pied à terre ; l’Empereur en passa une stricte et minutieuse revue, et fit beaucoup de questions. Puis, après avoir manœuvré, on nous fit former le carré ; et l’Empereur, accompagné du prince Louis, grand connétable de l’Empire, se mit au centre. Tous les officiers des régimens vinrent alors se ranger autour de lui, et les colonels prêtèrent serment. Napoléon nous adressa quelques paroles pour nous exprimer sa satisfaction ; il loua notre zèle et notre instruction, et termina son discours en nous promettant la place d’honneur sur le premier champ de bataille ou de fête. Quelques jours après, je reçus mon brevet de légionnaire. »

Le 8 août suivant, il partit de Soissons pour IJoulogne, où eut lieu, comme l’on sait, la grande distribution des croix de la Légion d’honneur. « Pendant le défilé des légionnaires, ajoute-t-il après avoir décrit la cérémonie, un événement imprévu vint encore accroître l’émotion de tous. Une vive canonnade se fit entendre tout à coup du côté de la rade ; l’Empereur parut inquiet et envoya de suite un de ses aides de camp aux informations. C’étaient quelques vaisseaux venant du Havre rejoindre la flottille dans le port, et qui échangeaient avec les Anglais quelques coups de canon. De temps en temps, l’Empereur faisait interrompre le défilé et étudiait à l’aide d’une longue-vue les péripéties de la lutte. Ce ne fut qu’une fausse alerte : au bout d’une heure, tout était terminé, et les vaisseaux étaient en sûreté sans avaries sérieuses. »