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UN OFFICIER DES GUERRES DE L’EMPIRE

LE VICOMTE MARIE-ANTOINE DE REISET
(1775-1836)

Un soir du mois de juin 1793, le général Kléber était seul sous sa tente, sur les bords du Rhin, lorsque son aide de camp vint lui dire qu’un jeune volontaire désirait lui parler. Grande fut la surprise du général, en reconnaissant dans ce jeune soldat le frère de la jeune fille qu’il aimait et dont il rêvait de faire sa fiancée, un garçon de dix-sept ans qu’il avait laissé peu de semaines auparavant à Colmar, étudiant le latin et la théologie. « J’ai voulu commencer comme vous, mon général, s’écria l’enfant, je me suis rappelé votre conseil, et me voici ! »

C’est ainsi que débuta dans la carrière des armes le vicomte Marie-Antoine de Reiset, qui devait devenir par la suite un des plus brillans officiers des armées impériales, et dont on peut voir le nom inscrit sur l’Arc de triomphe. Né le 29 septembre 1775 à Colmar, d’une vieille famille noble, originaire de Lorraine, il s’était d’abord destiné à entrer dans les ordres ; mais, peu à peu, une autre vocation s’était éveillée en lui, stimulée encore par l’exemple et les entretiens de Kléber. « L’épée te siérait mieux que le petit collet, » lui avait dit et répété le jeune général, durant un long séjour qu’il avait fait à Colmar. Marie-Antoine s’était imprégné de ces paroles, et à peine eut-il vu repartir Kléber, rappelé à l’armée, qu’il obtint de ses parens l’autorisa-