qui les régissent ne soient pas exécutées dans leur intégralité. On peut redouter que les revenus qui leur ont été attribués ne soient détournés un jour de leur emploi spécial et que le service des obligations ne redevienne une charge ordinaire d’un budget, qui pourrait être de nouveau en déficit, s’il plaisait à la Grande-Bretagne de lui imposer telle ou telle dépense que bon lui semblerait. Alors même que cette prévision ne se réaliserait pas, la méconnaissance du droit n’en est pas moins formelle et regrettable.
Cette question de l’amortissement peut être envisagée à un double point de vue. Il est certain que, aussi longtemps que le service d’un intérêt convenable paraît assuré aux porteurs de titres d’une dette, il ne semble pas que le remboursement au pair de ces titres ait pour eux une bien grande importance ; dans certains cas, il constitue pour eux une gêne ou tout au moins une contrariété, en les obligeant à se préoccuper du remploi de leurs fonds lorsque leurs titres sont appelés au remboursement. Ce dernier leur inflige même une perte apparente, lorsque la cote de leurs obligations s’est élevée au-dessus du pair, postérieurement à l’acquisition qu’ils en ont faite ; ou une perte réelle, quand ils ont payé une prime pour acheter leurs fonds. Mais ces considérations sont secondaires, lorsqu’il s’agit de déterminer la politique financière générale d’un État, qui a le devoir strict de travailler, par toutes les voies possibles, à l’extinction, ou tout au moins à la réduction, de sa dette. Il est impossible de dire, à aucun moment de l’histoire financière d’aucune nation, que le Grand Livre de la dette est irrévocablement fermé. Il faut songer aux époques de crise, celles où le Trésor devra emprunter ; et, en prévision de cet avenir, il convient, quelque belles que soient les apparences de l’heure présente, quelque bien assis que semble un budget, de réduire le fardeau des emprunts. C’est ce que les arrangemens internationaux de L’Égypte avaient eu en vue.
Le régime financier que nous avons décrit est compliqué : mais il est né des vicissitudes politiques que le pays a subies depuis l’intervention de la France et de l’Angleterre, suivie de celle des autres grandes puissances. Tel qu’il est, il a rendu d’immenses services à la nation et à ses créanciers, dont les intérêts ont été sauvegardés par la Caisse de la Dette avec une sagesse et une prudence à laquelle il est impossible de ne pas rendre hommage. La France, par la force même des choses, en vertu de l’histoire et des traditions