période, qui s’étend jusqu’à l’insurrection d’Arabi-Pacha, le contrôle s’exerce avec efficacité. À partir de 1882, et de la bataille de Tell-el-Kébir, qui supprima pour toujours, semble-t-il, les velléités d’indépendance et d’autonomie nationales, si tant est que ces velléités aient jamais existé, le contrôle anglo-français disparaît ; la Caisse de la Dette et la commission internationale subsistent ; mais un travail incessant se poursuit, de la part des autorités anglaises, pour se substituer partout au gouvernement du Khédive. En matière financière, elles s’efforcent de diminuer les pouvoirs de la commission internationale. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail des nombreux incidens qui ont mis en relief cet antagonisme, ni d’indiquer comment, pour des raisons de politique générale, certains représentans des créanciers européens ont fait cause commune avec ceux qui portaient atteinte aux droits dont la défense leur était confiée. Cherchons seulement à établir, avec impartialité, quelle influence la prépondérance anglaise a eue et a encore sur le développement des finances égyptiennes. Il est incontestable que le protectorat de fait, sinon de droit, exercé au Caire par la nation du monde dont le crédit est coté le plus haut, n’a pu nuire à celui du pays où elle faisait acte de suzeraineté : les diverses conversions ont été facilitées par la présence des troupes anglaises. Mais ces opérations eussent été possibles par la seule vertu de la commission internationale de la dette, émanation des six grandes puissances, dont l’une ou l’autre, sinon l’ensemble, eût toujours été prête à appuyer les droits des commissaires, au cas où le Khédive les eût méconnus.
D’autre part, si cette sorte de reflet du crédit anglais a pu élever la cote des fonds égyptiens et les faire rechercher comme placement par la Cité de Londres, il convient de rappeler que, à plus d’une reprise, les exigences du gouvernement égyptien, qui ne faisait en cette circonstance qu’exécuter les ordres, à peine déguisés sous des formes courtoises, de l’impérieux lord Cromer, résident anglais et haut commissaire de la reine, ont entamé les réserves accumulées par la Caisse de la Dette. La loi internationale de liquidation et les décrets ultérieurs avaient voulu que ces réserves atteignissent promptement le niveau à partir duquel l’amortissement de la dette eût suivi un cours régulier. Quand on réfléchit que les diverses catégories de cette dette représentent presque toutes des sacrifices considérables faits autrefois par les porteurs, on est en droit de regretter que les stipulations des contrats