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à mesure qu’augmente la surface des terres cultivées. Les travaux effectués dans la Haute-Égypte y ont diminué considérablement la partie non irriguée (Sharaki), qui n’a pas dépassé 10 000 acres en 1897, alors qu’en 1888, année de basses eaux, il avait fallu accorder des exemptions d’impôt à 380 000 acres, sur lesquelles la récolte avait été perdue. Mais la Moyenne et la Basse-Égypte sont loin encore d’être à l’abri de la sécheresse. La rotation des canaux a pour objet d’assurer autant que possible une distribution égale de l’eau aux divers propriétaires à l’époque de rareté, et d’abaisser le niveau lors de la crue du fleuve. La corvée pour la surveillance des digues est imposée à un nombre plus ou moins grand de fellahs, selon que les eaux sont plus ou moins hautes, mais, d’une façon générale, les mesures prises tendent à diminuer cette prestation en nature. Le drainage a été opéré en 1897, grâce aux 274 000 livres égyptiennes accordées par les commissaires de la dette, sur près de 800 000 acres ; de toutes les dépenses faites pour l’amélioration du sol, c’est celle qui produit les résultats les plus prompts et les plus efficaces.

Un crédit de plus d’un demi-million de livres égyptiennes est prévu pour la construction de barrages additionnels (Weris). D’autre part, on cherche à augmenter la quantité d’eau disponible par la création d’un réservoir, au moyen d’une digue et d’une écluse à Assouan, dont le coût, avec quelques travaux additionnels sur le canal Ibrahimieh, atteindrait 2 millions de livres. Lord Cromer insiste sur l’utilité de ces travaux, que les entrepreneurs, MM. Aird et Cie, se sont engagés à terminer en cinq ans. Soixante semestrialités de 78 613 livres, dont la première est payable le 1er  juillet 1903, serviront à amortir les dépenses faites. En dehors de ce montant, il faudra consacrer environ un million de livres à des travaux subsidiaires, tels que canaux et drains, nécessaires pour que le pays recueille tout le fruit de l’établissement du réservoir : cette somme sera prélevée autant que possible sur les crédits ordinaires du ministère des Travaux publics, auxquels s’ajouteront des subsides fournis par la Caisse de la Dette. Sir William Garstin, conseiller du ministère des Travaux publics, estime à plus d’un milliard de mètres cubes le volume d’eau qui sera emmagasiné et qu’il juge capable d’augmenter le revenu annuel du pays d’environ 2 600 000 livres ; il ne croit pas qu’il soit imprudent d’engager d’ores et déjà les finances publiques pour trente annuités de 157 000 livres ; les dépenses faites pour l’irrigation en