perfectionné, depuis lors, par une série de dispositions nouvelles. Quel est, d’autre part, l’état économique du pays ? Il est intéressant de voir comment il est dépeint par les Anglais. Lord Cromer, représentant de la Grande-Bretagne au Caire, dans un rapport qu’il adressait au marquis de Salisbury, en février 1898, sur les finances, l’administration et la situation de l’Égypte, ainsi que sur le progrès des réformes, dressait le tableau suivant. Nous n’avons pas besoin de prévenir nos lecteurs des raisons pour lesquelles les couleurs en sont poussées au rose. Les revenus du Trésor, de 1881 à 1897, ont passé de 9 230 000 à 11 443 000 livres égyptiennes. Pendant la même période, l’impôt foncier a cependant diminué de plus d’un demi-million de livres, bien que 614 000 feddans de plus soient taxés. Le feddan paie en moyenne 18 shillings 3 pence (environ 23 francs), au lieu de 1 livre 2 shillings (environ 28 francs). En revanche, le tabac donne un million, alors qu’il n’en fournissait pas le dixième il y a seize ans. La charge totale des impôts par tête est tombée de 1 livre 2 s. 2d. (28 francs environ) à 17 s. 9 d. (22 francs environ), grâce surtout à l’accroissement de la population. La valeur des exportations s’est maintenue, malgré la baisse énorme du coton et du sucre. Le tonnage du port d’Alexandrie a presque doublé. Le montant de la dette encore en circulation n’est que de 97 millions de livres comme en 1881, en dépit d’emprunts, qui se sont élevés au total à 13 millions, et d’une augmentation de capital nominal de 3 400 000 par suite de conversion. Ce résultat est dû en partie aux achats des commissaires de la dette. Les excédens budgétaires sont la règle depuis plusieurs années.
L’Égypte possède 1 791 kilomètres de routes agricoles. L’administration des pêcheries a modifié ses règles, rendu aux pêcheurs du lac Menzaleh la liberté du travail et de la vente, et n’exige plus d’eux que le paiement d’une patente annuelle. On sait que cette vaste nappe d’eau s’étend de Port-Saïd à Damiette sur 600 000 acres, et communique par un étroit goulet avec la Méditerranée ; autrefois, tous les pêcheurs étaient tenus de remettre leur poisson au gouvernement, qui se chargeait de le vendre, et leur donnait les deux cinquièmes du produit. L’entreprise des transports par navires postaux a été cédée à une compagnie particulière, qui s’est engagée à construire un nouveau dock. Les douanes sont en augmentation de 5 pour 100 sur l’année antérieure. La question d’irrigation devient de plus en plus importante,