destinées à préparer la suppression de plusieurs des administrations internationales établies en Égypte. Enhardie par le succès, elle laisse entrevoir l’approche de coups plus décisifs encore : des rumeurs vagues, des campagnes de presse, avant-courrières d’actes audacieux, préparent l’opinion à une mainmise sur certains gages attribués aux créanciers du pays. Le moment n’a jamais été plus grave depuis la bataille de Tell-el-Kébir. Pour être prêts à résister à des tentatives illégales, il faut connaître les bases de l’organisation financière actuelle de l’Égypte. Mais celle-ci ne peut être bien comprise et jugée qu’à la lumière de l’histoire : il convient donc d’en faire précéder l’étude de celle des phases diverses qu’elle a traversées depuis les conventions de 1841, qui réglèrent à nouveau les rapports de l’Égypte avec la Turquie. Les règnes de Saïd, Ismaïl, Tewfik et Abbas, le souverain actuel, pourraient servir à établir les chapitres de notre récit. Mais, puisque nous le bornons aux événemens financiers, il est plus logique de le diviser selon les époques qui correspondent à des régimes nettement différens : période antérieure à toute intervention européenne ; contrôle anglo-français et commencement d’administration internationale, jusqu’à la déposition d’Ismaïl en 1879 ; régime international réorganisé à la suite de la loi de liquidation de 1880 ; occupation anglaise depuis 1882.
Le hatti-chérif du Sultan, notifié le 10 juin 1841, avait assuré la souveraineté de l’Égypte et des contrées du Nil supérieur à la descendance mâle de Mehemet-Ali, par ordre de primogéniture. Les traités qui liaient la Porte aux autres puissances étaient également valables pour l’Égypte. Les lois administratives du pays se rattachaient à celles de l’empire ottoman. Les impôts étaient levés au nom et avec l’autorisation du Sultan, qui percevait un tribut annuel, provisoirement fixé au tiers des revenus. Les monnaies égyptiennes devaient être frappées au même titre et d’après les mêmes divisions que les pièces turques. Aujourd’hui, au contraire, l’Égypte a sa monnaie spéciale, dont l’unité est la livre égyptienne, valant 25 francs 62 centimes, soit fr. 40 environ de plus que la livre sterling anglaise. Mehemet-Ali ayant perdu l’usage de ses facultés, la Porte reconnut, en juillet 1848,