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LES
FINANCES ÉGYPTIENNES

Il est plus aisé de commettre une faute que d’en réparer les conséquences. Nous avons abandonné l’Égypte en 1882, alors qu’il était si simple d’y débarquer quelques marins et d’affirmer nos droits, presque séculaires, au protectorat du pays. L’Angleterre a eu, ce jour-là, plus de volonté que nous ; depuis seize ans, elle occupe la vallée du Nil et n’a rien épargné pour y asseoir son influence. L’Europe, en partie indifférente, en partie favorable, assiste, sans bouger, au progrès des événemens. Nous protestons, mais en vain la plupart du temps, chaque fois que le cabinet de Saint-James fait un nouveau pas en avant et enlève au Khédive et à son gouvernement un autre lambeau de ce qui leur reste d’indépendance apparente et d’autonomie. Il est un terrain, cependant, sur lequel la conquête anglaise rencontre des obstacles sérieux : c’est celui des finances. Une organisation internationale, résultat d’interventions successives de diverses puissances, a été consacrée ici par des actes diplomatiques, dont il est difficile de méconnaître la valeur et de violer les articles. La patiente Albion n’en essaie pas moins de dénouer silencieusement la trame d’une chaîne tissée par l’Europe et de rendre peu à peu illusoire le contrôle financier encore exercé à ses côtés par la France, la Russie, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Ses efforts ont paru redoubler en l’année 1898, au cours de laquelle elle a pris une série de mesures ou encouragé la fondation de plusieurs entreprises