nous tranquilliser en nous demandant d’avoir confiance en lui ; il se justifia en accusant Rome ; à l’entendre, la mauvaise administration pontificale était la cause de tout, elle démoralisait les Romagnes, dont le rebut venait échouer dans le Piémont. Les origines du mal importaient peu, à ce moment, au gouvernement de l’Empereur ; ce qu’il voulait, c’était une répression implacable contre les fauteurs de désordre. Or, le cabinet de Turin ne se souciait pas de se lier les mains, notamment par une mesure législative qui pouvait lui imposer l’obligation de poursuivre d’office non seulement les attaques dirigées contre l’empereur des Français, mais aussi les insultes adressées au roi de Naples et à l’empereur d’Autriche, qu’il avait intérêt à ne pas ménager. Il ne voulait pas se dessaisir de l’arme dont il se servait pour mettre ces souverains aux prises avec la révolution. Là était le nœud de la difficulté. « Je ne vous demande pas, disait M. de Cavour, votre intervention officielle dans chaque cas particulier, mais mettez-moi légalement à couvert en m’adressant une requête générale et je poursuivrai d’initiative. » À Paris, on n’entendait pas de cette oreille ; le prince de la Tour d’Auvergne, encore sous l’impression de l’acquittement scandaleux de la Raggione, qui avait déversé l’injure sur la France et sur son souverain, maintenait ses exigences. Son altitude exaspérait Victor-Emmanuel et son ministre. « La conduite de La Tour d’Auvergne, écrivait M. le Cavour au marquis de Villamarina, a déjà fait plus de mal à l’alliance que tous les journaux rouges n’ont pu lui en faire depuis deux ans. S’il continue de la sorte, il rendra le gouvernement de l’Empereur plus impopulaire que celui de l’Autriche. Buol et l’archiduc Maximilien, à Milan, sont plus concilians et plus aimables avec nous que La Tour d’Auvergne. Comment ne s’aperçoit-on pas à Paris que l’Autriche pousse la France contre le Piémont pour pouvoir se réconcilier avec nous ! L’alliance française est la base de notre politique, nous ne ferons rien qui puisse l’ébranler, mais qu’on ne nous demande pas ce qui est contraire à notre dignité. Je ne saurais prévoir un refus de Walewski, à moins qu’il n’ait le parti pris de nous créer des embarras et de me forcer de céder la place aux codini, qui, croyez-le bien, détestent l’Empereur plus que les rouges. »
Le Roi.de son rote, écrivait au général della Rocca en mission extraordinaire à Paris : « Tâchez de donner toutes ces explications à l’Empereur. Elles doivent servir à confuter (sic) et à détruire le