soutenue par l’Angleterre, s’opposait avec hauteur à l’union de la Moldavie et de la Valachie, favorisée par la France au nom du principe des nationalités.
De nouveaux conflits n’étaient pas improbables. Le comte de Cavour tenait les yeux braqués sur Constantinople ; les nuages qui s’y amoncelaient, le réjouissaient ; il se flattait qu’une conflagration en Orient, dont le contre-coup en Europe serait inévitable, offrirait à l’Italie les chances qu’elle guettait pour s’affranchir de la domination autrichienne. Il avait la main dans tous les comités de propagande et préparait à tout hasard un soulèvement dans la péninsule, lorsque, le 14 janvier 1858, une nouvelle tragique venait brusquement renverser l’échafaudage de ses combinaisons.
Un Italien, Orsini[1], avait attenté à la vie de l’Empereur, en lançant des bombes explosibles sous la voiture impériale, au moment où elle s’arrêtait devant l’Opéra. Le crime, par sa froide préméditation et le nombre des victimes, rappelait l’attentat de Fieschi. L’Empereur, sauvé par miracle, avait eu son chapeau traversé d’une balle et la joue atteinte par un éclat de vitre. On comptait plusieurs morts et cent deux blessés. Le cocher, les valets de pied et de nombreux sergens de ville étaient atteints, l’escorte presque décimée. Le général Roguet, assis en face de l’Impératrice[2], avait été frappé à la nuque ; plus de trente projectiles avaient perforé la voiture impériale. On ne s’expliquait pas les mobiles du crime ; on se demandait ce qu’était ce sinistre coup de main, d’où il venait, quelles conséquences il allait avoir. On comprenait mal que la révolution eût traîne la mort du souverain qui s’efforçait de satisfaire ses revendications en introduisant dans le droit international la politique des nationalités.
M. de Cavour fut consterné en recevant le récit de cette catastrophe. Il écrivit aussitôt au prince de la Tour d’Auvergne pour lui exprimer la profonde horreur que lui inspirait l’exécrable attentif et la reconnaissance qu’il éprouvait pour la Providence, qui avait vu préserver des jours si précieux pour le bonheur de la France… Le pays tout entier, ajoutait-il, partagera, j’en suis sûr, les sentimens que je viens de vous exprimer, car tous les jours il apprécie davantage les bienfaits de l’alliance