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NAPOLÉON III ET L’ITALIE[1]

L’ENTREVUE DE PLOMBIÈRES


I. — LA QUESTION ITALIENNE

Napoléon I er, en formant un royaume d’Italie, en organisant une armée et une administration nationales, avait créé la question italienne ; il avait donné un cadre aux instincts d’affranchissement qui depuis Dante et Pétrarque germaient dans les cœurs et que la Révolution française avait fait éclore. L’Autriche, de son côté, dans ses luttes avec l’Empire, n’avait pas craint de faire appel aux sentimens d’indépendance auxquels nous avions donné le branle. Pour soulever les populations contre notre hégémonie et s’assurer leur concours, elle s’était adressée à leur patriotisme, à leurs secrètes espérances. « Levez-vous, si vous voulez de nouveau être Italiens, » disait l’archiduc Jean dans ses proclamations, à l’ouverture de la campagne de 1809. — « Vous avez tous à devenir une nation indépendante, » s’était écrié, en 1813, le général Nugent. — Les généraux autrichiens ne soupçonnaient guère alors que leurs

  1. Napoléon III et l’Italie complète la série des études de M. Rothan sur l’histoire diplomatique du second Empire : c’est en même temps le dernier ouvrage sorti de sa plume ; il venait de l’achever quand la mort l’a frappé. Entre ses mains, le manuscrit eût sans doute subi quelques-unes de ces retouches auxquelles se complaisait son esprit si consciencieux et si précis ; mais ces retouches n’eussent porté que sur la forme. L’ouvrage en lui-même était achevé et pouvait paraître ; sa publication n’a été retardée que par des convenances de famille.