nous trouvera aussi bien disposés que par le passé ; mais, en vérité, il nous serait difficile de l’être plus. Nous avons consenti jusqu’à ce jour à toutes les propositions de l’Angleterre. Cela n’empêche pas les journaux anglais, à propos de cette question comme à propos des autres, de parler des piqûres d’épingle que nous ne cessons de porter, soit à ces malheureux Terre-Neuviens, en les empêchant d’accéder à la mer, soit à la Grande-Bretagne elle-même. Ab uno disce omnes.
Quant à la question de Madagascar, il faudrait lui consacrer plus de développement encore, et la tâche ne laisserait pas pour nous d’être délicate. Nous avons désapprouvé autrefois la conversion du protectorat en annexion, et nous la désapprouvons encore. Tout le mal est venu de là. Mais le fait est accompli, et l’attitude que prend l’Angleterre à ce sujet ne peut qu’être un embarras pour ceux qui professent notre opinion. Il en est de même de notre politique économique dans nos colonies ; nous la trouvons absurde, et nous l’avons dit trop souvent pour hésiter à le répéter. Nous ne recherchons pas pour le moment si elle déplaît à l’Angleterre et si elle lèse ses intérêts ; mais, incontestablement, elle lèse les intérêts de nos colonies elles-mêmes, ce qui nous touche encore davantage. On se demande quelquefois chez nous pourquoi il ne va pas de colons dans nos colonies : on pourrait trouver, au moins en partie, la réponse à cette question dans la politique douanière que nous leur infligeons. Peu à peu il se forme en France une opinion dans ce sens. Notre éducation se fait avec lenteur, mais elle se fait. Seulement nous ne sommes pas sûrs que des interventions aussi peu mesurées que celle de l’Angleterre, avec son Livre Bleu, soient de nature à favoriser ce progrès de nos idées. Il est pénible de s’entendre dire que, si notre expédition militaire à Tananarive a réussi, non sans difficultés, c’est à l’abstention du gouvernement anglais que nous le devons. Ces essais tardifs d’intimidation ne nous paraissent pas de très bon goût. Il y a d’ailleurs peu d’expéditions coloniales, même parmi celles de l’Angleterre, qui auraient chance de réussir, si une grande puissance se mettait en travers par ses intrigues. Mais ce serait là un acte d’hostilité dont les puissances civilisées ont coutume de s’abstenir les unes à l’égard des autres, et dont elles ne songent à se menacer, ni avant, ni même après. Au bout de toutes les entreprises de ce genre, il y a toujours un règlement d’intérêts à faire, et l’intérêt de la puissance qui a pris la plus lourde partie de la charge doit peut-être passer au premier rang. Ce n’est d’ailleurs pas une raison pour que celui des autres soit sacrifié.
Parmi les observations que nous a présentées l’Angleterre, il y en