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intéressés jouissent, pour l’exploitation de ladite mine, des facilités compatibles avec le libre exercice de la pêche française. À cet effet, un embarcadère (wharf) pourra être établi sur un point de la côte désigné d’un commun accord par les commandans des croiseurs des deux pays. » Le reste de l’arrangement est animé du même esprit. Il aurait suffi de l’appliquer pour faire tomber toutes les objections des Terre-Neuviens contre la manière dont nous exerçons nos droits ; mais c’est précisément ce qu’ils ne voulaient pas. L’Angleterre avait jugé l’arrangement équitable ; elle l’a soumis au Parlement de Terre-Neuve, celui-ci l’a repoussé. Que faire ? Nous avons bien été obligés de nous retrancher strictement sur le terrain de nos droits. Il en est résulté, de la part de Terre-Neuve, une petite guerre, que nous ne lui avons pas rendue, et qui n’a pas tourné à son avantage. Le Parlement de Saint-Jean a émis un bill pour interdire aux colons de nous vendre la boette, c’est-à-dire l’appât, composé de hareng, de capelan et d’encornet, dont nos pêcheurs avaient l’habitude. Nous nous en sommes procuré d’une autre manière, et les colons ont perdu pendant quelque temps le bénéfice du commerce qu’ils faisaient avec nous : quelques-uns en vivaient. Tel a été à peu près le seul résultat du bill. Pendant quatre ans, les choses ont duré telles quelles. Enfin lord Salisbury, après le remarquable exposé de la situation dont nous avons reproduit plus haut quelques lignes, a proposé un arbitrage. Soit ! avons-nous répondu aussitôt, et nous avons négocié avec Londres pour fixer les points qui seraient soumis à l’arbitre. De part et d’autre on est convenu de réserver ceux sur lesquels on était d’accord, par exemple le principe de nos droits, mais de soumettre tous les autres à la décision de l’arbitre, par exemple la question de savoir si notre droit de pêche était exclusif de toute concurrence ou seulement privilégié, et la question des homarderies, avec toutes les difficultés subsidiaires qui s’y rattachent. Ce moyen avait paru le plus simple et le plus sûr pour mettre fin à des controverses devenues inextricables. Malheureusement, cette fois encore, le gouvernement anglais avait trop présumé de son autorité sur le Parlement de Saint-Jean de Terre-Neuve ; ce dernier s’est montré peu favorable à l’arbitrage, ou bien a prétendu y introduire des conditions inadmissibles ; et, en fin de compte, on a laissé tomber, à Londres, la proposition qu’on y avait faite, et que nous avions acceptée. On peut d’ailleurs la reprendre quand on voudra, car notre consentement subsiste. N’en veut-on plus ? Préfère-t-on, comme en 1885, une entente directe avec nous ? A-t-on une suggestion nouvelle à nous présenter ? Quel que soit le système qu’on adopte, on