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REVUE MUSICALE

LE NOUVELLE OPÉRA-COMIQUE
CARMEN ET FIDELIO

L’architecture, la sculpture et la peinture ont fait beaucoup pour le nouvel Opéra-Comique. Il faut espérer que ce théâtre, à son tour, fera quelque chose pour la musique. Cela n’est pas impossible. Très riante, très brillante, la salle est aussi très sonore. Je sais même des places d’où l’on voit fort mal et d’où l’on entend bien. La scène est petite. Au premier acte de Carmen, la garde montante et la garde descendante ont quelque peine à éviter une collision. Au dernier tableau, quand les alguazils entrent dans le cirque, la plume de leur chapeau touche la toile de fond et fait trembler la moitié des arènes de Séville. Je ne regrette qu’à demi cette exiguïté de la scène. Elle peut être favorable à des œuvres de petites dimensions et de grande beauté. Il en est heureusement de telles, et beaucoup, dans le répertoire, français ou étranger, qu’un théâtre comme l’Opéra-Comique doit garder ou faire sien. M. Carré les connaît, au moins de nom, puisqu’il nous en promet quelques-unes. Espérons qu’il va nous les donner, ou nous les rendre, toutes.

L’orchestre de l’Opéra-Comique a commencé par être au-dessous de tout : je veux dire qu’on l’avait placé d’abord au-dessous de la scène, et de la salle, dans cette fosse que les Allemands, non sans prétention, nomment « l’abîme mystique. » On a bientôt reconnu l’infériorité de cette situation et l’orchestre a été relevé. Il ne faudrait pas croire que l’invisibilité de l’orchestre soit un article de foi, même de la foi wagnérienne. Ce n’est qu’une pratique ou un procédé particulier et discutable. À