des régénérés veut produire les meilleurs spécimens de la charité réparatrice de ces dames, il se trouve que, par une mauvaise chance, l’un des « régénérés » vient d’être le matin mis en prison, l’autre est saoul. C’est donc qu’à l’origine de ces Œuvres on trouverait la vanité, le désir de paraître, le besoin de se réunir, de bavarder, de se donner à soi-même l’illusion qu’on fait quelque chose : on n’y trouverait pas un atome de véritable charité. On arrive ainsi à encourager la paresse, à récompenser la fourberie ; on n’apporte aucun allégement à la souffrance. L’Evasion fait le procès à la science arrogante, tranchante, et qui décrète l’erreur avec une solennité sans réplique. Un médecin, membre de toutes les académies, décoré de tous les ordres, ne sait pas se guérir lui-même de la maladie de cœur qui le torture avant de l’emporter, et, si la pudeur ne le retenait, il solliciterait les remèdes empiriques d’un charlatan de campagne. Il s’est fait le théoricien des lois implacables de l’hérédité ; et il est près de faire le malheur des deux jeunes gens, dont l’un se croit condamné à la folie parce que son père était maniaque, et l’autre se croit condamnée au vice parce que sa mère était une gourgandine. Mais ces lois ne sont si rigoureuses que dans les statistiques dressées par les spécialistes, et la geôle où elles nous emprisonnent n’est pas si bien gardée qu’on ne puisse, au prix d’un effort, s’en évader. Dans les Trois filles de M. Dupont on nous invite à envisager la situation faite aux filles de notre petite bourgeoisie assez malavisées pour ne pas avoir trouvé l’opulence dans leur berceau. L’une des trois filles prend le parti de mal tourner ; l’autre, gagnée à la dévotion, se dessèche dans le célibat ; la troisième, mal mariée, est la plus à plaindre. Résultat des courses nous montre les ravages du jeu dans le peuple. Le Berceau aborde la question du divorce. Les méfaits de l’instruction, la corruption parlementaire, les dangers de la fausse charité, les mensonges de la science, la situation de la fille sans dot, la passion du jeu, l’abus du divorce, c’est une énumération des grands problèmes de l’heure présente.
Ces problèmes, on ne demande sans doute à l’auteur dramatique ni de les résoudre, ni de répandre sur eux des lumières nouvelles : ce n’est pas son affaire. Mais on veut qu’il en trouve une forme saisissante, et qui nous fasse mesurer la profondeur et l’intensité du mal. Chacun de ceux que M. Brieux met à la scène s’étrique, s’appauvrit, se vide de matière, en sorte que nous nous rendons compte que la véritable question dépasse singulièrement ce qu’on nous en montre. L’auteur n’a pris que le petit côté, le moins intéressant, le plus banal, celui qui saute tout de suite aux yeux ; il ne fait que répéter ce que