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REVUE DRAMATIQUE


THÉÂTRE DU VAUDEVILLE, Georgette Lemeunier, comédie en quatre actes par M. Maurice Donnay. — COMEDIE-FRANÇAISE, le Berceau, pièce en trois actes par M. Eugène Brieux.


Faire quelque chose de rien, c’est en art une des méthodes les plus séduisantes, mais aussi les plus périlleuses. C’est celle de M. Maurice Donnay. Depuis qu’elle lui a une fois réussi, et en dépit de recommencemens moins heureux, il s’y tient. Georgette Lemeunier est une nouvelle application de procédés toujours les mêmes. Une intention d’adultère non suivie d’effet, une velléité de divorce qui n’aboutit pas, tel est le semblant de sujet qui va servir à une apparence de pièce. Un inventeur, M. Lemeunier, a été pendant huit années un mari exemplaire, rangé, fidèle, tendre, un modèle de mari. Peu à peu la célébrité lui est venue, presque la fortune ; il entre en relations avec un monde brillant et peu scrupuleux ; il est sur le point d’y laisser sombrer sa vertu. Il a fait la rencontre du ménage Sourette qui est un joli couple d’aigrefins. Le mari, personnage taré, est un lanceur d’affaires généralement véreuses. Sa femme, qui est d’une beauté remarquable, lui sert de rabatteuse. Lemeunier en est passionnément épris, et brûle de devenir à son tour le commanditaire du mari, l’amant de la femme, et la dupe de tous les deux. Avertie de ce qui se passe, Mme Lemeunier fait un esclandre et se retire chez sa mère. Subitement dégrisé, Lemeunier songe avec amertume aux désagrémens que peuvent entraîner les distractions coupables pour ceux qui n’avaient pas la vocation. Et, comme son repentir est sincère, qu’il a fait suffisamment pénitence et qu’il a des antécédens excellens, Mme Lemeunier consent à réintégrer le domicile conjugal. Les époux réconciliés seront désormais très heureux, et nous avons le plaisir de voir, au dénouement, la mauvaise femme, Mme Sourette, humiliée et confondue. Tout est bien qui finit bien. Il est clair que par elle-même cette petite histoire n’est pas très intéressante,