que bénéficier notre réseau d’éclairage maritime sur des points qui, comme le plateau de Barnouic et la pointe Beauduc[1], attendent encore d’être signalés à la navigation. Mais, applicable aux fanaux secondaires, il n’est point à penser que le système des feux permanens puisse l’être jamais aux phares de grand atterrage. L’État de l’éclairage des côtes de France et d’Algérie reconnaît que ces feux, « bien que donnant des résultats satisfaisans, ne sauraient offrir les mêmes garanties que ceux qui sont surveillés sans cesse. » La condition des gardiens chargés de cette surveillance reste donc un juste objet d’attention. S’il est vrai qu’on ne puisse songer de longtemps à surélever leurs salaires, d’autres mesures s’imposent, d’une réalisation plus aisée, et qui ne laisseraient pas d’être bien accueillies du personnel des phares. On en a indiqué quelques-unes au cours de cette étude, et l’on nous pardonnera de les reprendre ici pour les grouper en faisceau.
Quand les gardiens vivent en famille, comme à Planier, et que leur petite colonie, perdue entre le ciel et l’eau, est comme coupée du monde, n’y aurait-il pas quelque humanité à charger un instituteur ou une institutrice de faire la classe à leurs enfans une ou deux fois par semaine ? Le transport ne coûterait guère sur le bateau des ponts et chaussées et ce ne sont pas les bonnes volontés qui manqueraient dans le corps des instituteurs marseillais. Ne serait-il pas possible aussi de rétablir l’ancienne bibliothèque circulante des gardiens de phare en l’adaptant aux besoins de ces pauvres gens ? On les charge fréquemment de travaux étrangers à leur condition : ces travaux devraient être rémunérés à part et le produit s’en ajouter à leur salaire. Il semble bien encore qu’une distinction devrait être faite, dans les traitemens, entre les gardiens des Isolés et les gardiens de terre ferme. La vie des premiers est autrement dure et périlleuse que la vie des seconds, et ils n’ont point de casuel pour l’adoucir. Enfin, et cette mesure leur serait précieuse entre toutes, l’assimilation pour les droits à la retraite des gardiens de phares aux inscrits maritimes n’apparaît-elle point comme souverainement logique et juste, et n’est-ce point pitié d’arguer, pour la combattre, du rattachement de ces humbles fonctionnaires à un autre ministère que celui de la Marine ?
Quelques mesures de cet ordre, d’autres sur lesquelles le corps
- ↑ Faute d’un fanal, la Louise s’est encore perdue devant cette pointe, l’an passé, entre Marseille et Cette.