France de ces phares flottans, qui tiennent de la tour et de la bouée, et dont l’invention est due à un Anglais, M. Herbert, — et c’est peut-être que le système, séduisant en théorie, laisse fort à désirer dans la pratique. Le relèvement des chenaux et des bancs est assuré chez nous par des bateaux-feux. Ce sont de grands pontons en bois d’une forme donnée pour présenter la plus grande somme de résistance au vent et aux vagues, et qu’on affourche solidement aux points dangereux de la côte. Il y a généralement deux feux par ponton, l’un blanc, l’autre rouge ou à éclipse, fixés à chaque mât par de grosses boules treillissées qu’on abaisse ou qu’on hisse à commandement. La première application qui ait été faite chez nous de ces bateaux-feux remonte à l’année 1860. Les bancs de Calais, de By et de Mapon, à l’embouchure de la Gironde, furent les premiers éclairés par des pontons lumineux. Puis, ce fut le tour des bancs du Snouw et du Dick aux abords de Dunkerque (1863), du plateau des Minquiers (1864), et du plateau de Rochebonne (1865). En 1869, on installe, au large des bancs de Flandre, le feu flottant de Ruytingen et, en 1870, celui du Grand-Banc, à l’embouchure de la Gironde. Hormis le Ruytingen et le Snouw, tous ces feux étaient fixes blancs. Mais déjà, à la date du 22 mars 1892, il avait fallu renouveler les pontons du Dyck et du Ruytingen et songer à la réfection des autres bateaux-feux, dont le délabrement inquiétait la commission des phares. Cette commission jugea que les pontons des Minquiers et de Rochebonne, « qui signalaient simplement un danger dans l’intérêt presque exclusif de la pêche, » et ceux de la Gironde, « dont les indications se bornaient à définir des alignemens faciles à indiquer par d’autres moyens moins dispendieux, » pouvaient être supprimés et remplacés par un certain nombre de bouées lumineuses « convenablement disposées et caractérisées. »[1] La construction d’un bateau-feu coûte en effet de 100 à 150 000 francs ; l’entretien de l’équipage passe quelquefois 20 000 francs. Restaient les pontons du Dyck et du Ruytingen, que la commission proposait de conserver « comme feux destinés à l’atterrage, en les munissant d’appareils à éclat d’une puissance de 1 200 becs Carcel, trente fois plus grande que celle des anciens feux, laquelle était moyennement de 40 becs. » Le Dyck et le Ruytingen reçurent les perfectionnemens indiqués. Le Ruytingen fut pourvu par
- ↑ Rapport de la commission spéciale instituée par décision ministérielle.