de notre côté, comment pourrait-il imposer sa volonté en dehors de son propre camp, en dehors de son propre royaume, dans les provinces occidentales et septentrionales qui, lorsqu’elles se sentent en force, ne demandent qu’un prétexte pour proclamer leur indépendance et même leur hégémonie sur les autres provinces ?
Les Anglais ont tout intérêt à maintenir le Soudan en paix et en sécurité. Les indigènes leur fourniront de bons élémens pour constituer des troupes de garnison, courageuses, disciplinées, résistantes à toute fatigue ; et probablement, les meilleurs soldats, ils les tireront de ces hordes qui se sont aguerries dans les luttes pour et contre les Derviches ; soldats qui, une fois enrôlés, habillés et payés, mettront tout leur amour-propre à bien servir et à combattre brillamment, surtout contre les Abyssins. Nous l’avons éprouvé, pour notre compte, en Erythrée, comme les Anglais, eux aussi, en ont fait l’expérience en Nubie.
De pair avec l’organisation militaire, les Anglais devront procéder à l’organisation politique et administrative, en visant principalement à préserver des razzias abyssines leur nouvelle, vaste, et riche conquête du Soudan. Au besoin, vers la limite orientale du bassin du Nil, ils occuperont les points géographiques les plus intéressans, au débouché des vallées qui descendent des montagnes éthiopiennes, points géographiques qui coïncident parfaitement avec les points stratégiques pour la défense de la frontière. Kassala est depuis quelque temps déjà occupée, grâce aux Italiens, qui l’ont conquise au prix de leur sang, défendue au prix des plus grands dangers, et puis qui l’ont cédée, avec les fortifications toutes prêtes, avec les tribus soumises, avec le prestige qu’ils avaient gagné à repousser par trois fois les attaques des Derviches ; et Kassala n’a pas médiocrement servi aux Anglais à résoudre, sans autres embarras, la question du Soudan.
Souk-Abou-Sin, dans le Ghedaref, province très fertile et bien peuplée, — autrefois station importante des Derviches pour leur défense contre l’Abyssinie et contre l’Erythrée, — se trouve sur la route du Tigré à Khartoum et domine la rive gauche de l’Atbara.
Deux autres points importans sont :
Tomat, non loin de Souk-Abou-Sin, sur la rive droite de