garanties sûres, pas plus que les tribus à demi nomades ne peuvent être efficacement protégées contre les razzias abyssines.
Jusqu’à mi-pente du Harrar arrivent également les possessions anglaises de la côte des Somalis sur le golfe d’Aden, et au-delà de ces possessions il y a la zone d’influence italienne dans le pays somali, purement nominale et tracée par une convention avec l’Angleterre, laquelle zone s’étend des monts de Kaffa et du Choa, des sources du Djouba jusqu’à l’océan Indien, du cap Guardafui à l’équateur.
Or la France, l’Angleterre, l’Italie ont une charge envers la civilisation ; pour maintenir ces possessions et pour en tirer profit, il leur faut, — c’est pour elles un devoir et un intérêt, — protéger effectivement les populations de cette vaste et, dans certaines régions, riche côte de l’Afrique orientale contre les razzias dont les Abyssins sont coutumiers. La partie de ce territoire la plus rapprochée des montagnes est habitée par des peuplades tributaires du Choa. Les Abyssins, bien organisés militairement et bien armés, y descendent souvent sous prétexte de lever le tribut ; mais ils le lèvent à la façon des barbares envahisseurs, emmenant tout, hommes, femmes, troupeaux et grains, et à la moindre résistance, ils détruisent tout par le fer et par le feu. C’est une dévastation systématique, qui va toujours élargissant son cercle et allongeant le rayon de son action, à mesure qu’elle descend par les nombreux affluens de l’Ouébi et du Djouba, et à mesure qu’elle envahit le beau pays de l’Ogaden.
Il suffit de rappeler les razzias récentes du Choa et du Harrar vers l’Aoussa ; du Harrar vers Milmil et Faf dans le territoire de l’Ogaden ; et, ce qui est plus important, il suffit de rappeler la grande expédition (zemeccia) commandée par l’empereur Ménélik en personne, au cours de 1895, contre les Oualamos et dans le territoire galla, au sud-est du Choa.
La clef géographique de toute cette contrée se trouve sur le haut plateau du Harrar, cette protubérance orientale du haut plateau abyssin. Le Harrar, situé au point de contact des possessions de la France et de l’Angleterre sur le golfe d’Aden avec la zone du protectorat italien, domine d’un côté les routes qui viennent de Djibouti et de Zeila ; de l’autre, il domine l’Ogaden, et tout autour habitent les tribus qui ont droit à la protection des trois puissances civilisées. Le Harrar est aujourd’hui sous la domination du ras Makonnen, homme plein d’habileté, celui de