seulement la vaste zone qui s’étend de la Méditerranée à l’océan Indien, mais absorbe la production des autres zones africaines et l’emporte sur elles par la facilité de son expansion et de ses communications.
Le territoire de Fachoda est la clef de ce bassin supérieur du Nil : le commandant Marchand ne pouvait mieux choisir. Fachoda se trouve en aval du confluent du Sobat, qui vient de l’Abyssinie, et du Nil Blanc ; il se trouve aussi en aval des nombreux fleuves et torrens qui vont former le Fleuve des Gazelles et le Bahr el Arab, lesquels sont tous deux affluens du Nil Blanc. Vers Fachoda convergent les voies de communication des anciennes provinces équatoriales égyptiennes, non moins que de la dépendance abyssine de Kaffa, avec Khartoum et le Soudan ; et en ce sens Fachoda constitue un point géographique et stratégique de grande importance, parce qu’il ouvre la voie à qui possède le Soudan, pour l’expansion vers les lacs équatoriaux et vers les plus fertiles territoires. De plus, la puissance européenne qui tient dans ses mains Fachoda, — et par suite les communications de ce point avec l’Abyssinie, — doit nécessairement exercer une influence prépondérante dans la solution de la question abyssine. Cette influence serait d’autant plus grande si cette puissance était la France, laquelle, outre ses immenses ressources, possède encore sur ce rivage de l’Afrique orientale la colonie d’Obock, avec deux ou trois ports sur le golfe d’Aden : colonie qui, du côté qui regarde Fachoda, et presque sur le même parallèle, s’avance indéfiniment au cœur de l’Abyssinie. N’eût été la contestation avec l’Angleterre, il n’aurait point été difficile à la France de s’établir fortement, à Fachoda, dans le territoire du Nil Blanc, sur les ruines de la domination mahdiste. L’empire du Madhi, qui s’étendait sur toute cette vaste région, était un phénomène passager, comme toutes les bourrasques de l’Islam, qui de temps à autre portent les hordes musulmanes au plus féroce fanatisme ; et après les défaites infligées aux Derviches par les Italiens à Agordat et à Kassala, après les massacres systématiques d’Abdulahi, l’empire du Mahdi était destiné à disparaître par l’œuvre des mêmes tribus indigènes qui l’avaient élevé de leurs lances. Maintenant ces tribus, — surtout celles qui habitent dans le territoire des Gazelles, sur les deux rives du Sobat et sur les deux rives du Nil Blanc supérieur (Chillouks, Dînkas, Nouèrs, Niam-Niams, avec quelques tribus gallas sur la frontière abyssine), — ne demandent que paix et tranquillité. Comme il sera facile aux Anglo-Égyptiens d’occuper, de