En France, depuis vingt années, l’ancienne foi de la nation, les vocations, les ressources, les doctrines, l’honneur du clergé catholique et en particulier des ordres religieux, ont été livrés à toutes les entreprises d’une incrédulité fanatique ; et les subventions, misérables dans leur taux, et contradictoires dans leur principe, que le budget accorde aux missions, ne compensent pas, on en conviendra, les pertes matérielles et morales que les calomnies d’une presse sans bonne foi, les revendications d’un fisc sans équité, les désaveux d’un gouvernement sans courage apportent au catholicisme. Toute la puissance de l’État n’est pas parvenue à détruire la surabondance des dévouemens, l’attrait de l’apostolat, la vocation de la race.
Ce n’est pas à dire que notre influence dans le Levant ne coure pas de périls : ils existent, ils grandissent. Je les dirai. L’Allemagne nous menace et nous peut remplacer dans toutes nos conquêtes, sauf dans notre magistère catholique. Mais ce n’est pas l’Allemagne qui sera ni notre rivale, ni notre héritière religieuse, et l’on ne verra pas, si étrange que soit notre époque, la première des nations catholiques remplacée dans un protectorat catholique par la mère des nations protestantes.
ETIENNE LAMY.