certains dons. L’effort des catholiques allemands a été utilitaire et pratique comme est en tout l’action de la race. Ils ont travaillé à devenir forts dans leur pays, forts d’une puissance surtout intérieure. Ils ont employé cette puissance à gagner autorité sur le prolétariat, dont les souffrances, laissées sans secours par les vieux conservateurs et exploitées par les révolutionnaires, étaient, outre une offense à la justice évangélique, une menace à la richesse et à la force de l’Allemagne. Ils ont mis à profit leur popularité pour prendre part à la direction des affaires générales, et employé cette part de prééminence politique au redressement de leurs griefs religieux. Là leur habileté et leurs succès tiennent du prodige. Minorité, ils sont parvenus à occuper dans le Parlement une place plus grande qu’ils n’ont dans la nation, à devenir dans le pays le plus considérable des partis, à se faire, mieux que chefs, arbitres dans l’État. Ils ont demandé et obtenu tour à tour de tous, et même du souverain, en échange de votes qui n’étaient jamais des engagemens durables, l’abrogation de presque toutes les lois hostiles au catholicisme, et, par des procédés de négoce, ils ont lutté et vaincu pour leur foi. Mais leur zèle, qui traite sur place ces utiles affaires, ne se sent pas sollicité vers les apostolats distans, aventureux, ingrats où il faut se donner sans calcul, dépenser sans compter et le plus souvent sans recueillir.
Que l’on compare ces catholiques et les catholiques de France. Ceux-ci n’ont, hélas ! aucunement l’art des conduites habiles. Citoyens d’un pays qui de traditions et de culte est à eux, ils se sont laissé expulser de toutes les influences ; ils n’ont pas su donner créance en leur loyauté, si supérieure pourtant à celle de leurs calomniateurs ; en leurs doctrines, pourtant si conformes au bien général. Seuls défenseurs de la liberté, ils passent pour ses adversaires ; seuls soucieux des misères publiques, ils excitent les défiances de la multitude. Par surcroît ils sont divisés entre eux, et semblent tenir plus à leurs discordes qu’à un succès acheté par la discipline. Ils n’ont pas les dons de la politique. Mais qu’il faille quitter famille, amitiés, habitudes, patrie, chercher au fond de pays lointains, pour le salut d’âmes inconnues, des souffrances ignorées, toutes les épreuves de la vie, les formes les plus affreuses de la mort, la France n’est jamais inféconde, jamais hésitante, jamais lasse, et la folie de la croix, par la vertu de la France, peuple d’hommes et de femmes héroïques l’univers. Trois religieux sur quatre, quatre missionnaires sur cinq, à l’heure