protestante, établi de concert à Jérusalem un évêché, et que l’accord fut dénoncé, en 1881, par la Prusse, résolue à travailler désormais seule et pour elle seule. La Haute Église d’Angleterre a conservé à Jérusalem son évêque, et y a édifié un temple : il s’achevait en même temps que le Temple du Sauveur. Pour la consécration de l’édifice anglican, la Haute Église s’était assuré le concours d’un nombreux clergé, de plusieurs évêques et, à leur tête, le lord archevêque de Salisbury, métropolitain de Jérusalem. Rien n’eût été plus facile que de concerter la date des deux inaugurations, de telle sorte que chacun des deux cortèges religieux s’unît à l’autre, et que ce mélange de leurs rangs attestât l’union de leur apostolat. Les Anglais ont fixé l’ouverture de leur église à la semaine qui précédait l’arrivée de l’Empereur, et celui-ci a pu voir dans sa marche, le long de la côte vers Jaffa, le navire qui déjà ramenait en Europe les pasteurs et évêques anglicans. La Grande-Bretagne prenait sa revanche du congé que lui avait donné la Prusse en 1881, et l’on reconnaissait la façon d’un peuple qui excelle à déplaire.
Les catholiques n’ont pas été plus empressés. Malgré l’alliance politique, ni l’Autriche ni l’Italie n’ont fait cortège aux prétentions religieuses de l’Allemagne. Les prêtres de ces États se sont abstenus de toute démarche. Les ordres religieux qui sont internationaux ont gardé la même réserve. Même sur le terrain du Cénacle où la nature de la libéralité et la présence du patriarche latin auraient fourni prétexte à des empressemens, l’Empereur n’a attiré autour de lui que trois religieux, tous les trois Allemands. L’acquisition par Guillaume II d’un lieu que les Franciscains avaient longtemps possédé, qu’ils avaient perdu par une violence, et qu’ils espéraient reprendre au nom d’un droit toujours certain pour eux, a indisposé contre l’Empereur l’ordre le plus nombreux de l’Orient. La déclaration du Pape a suffi à contenir même les congrégations étrangères qui supportent avec quelque impatience le protectorat français. Dans le seul pays où les catholiques soient en nombre, la Syrie, la réception a été telle que l’Empereur ne dissimulait pas son mécontentement ; il semblait également déçu du pays et des hommes. Dans la contrée où les catholiques forment la majorité, le Liban, la nature seule a fêté l’Empereur, la population maronite a regardé passer l’étranger, sans le regard qui dit « au revoir. »
Guillaume II n’a trouvé de réponse favorable à ses avances