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« recommandations » que le commissaire adresse au Président et au Congrès, toutefois il n’a dans son ressort ni l’interprétation, ni la surveillance de l’exécution des lois, ni l’inspection du travail, ni le contrôle des institutions de prévoyance. C’est donc le ministère belge qui reste, quant à présent, le modèle et le seul exemplaire complet de ce que peut être ce ministère du Travail, de tous sans doute le mieux en rapport avec la structure, les fonctions et l’esprit de l’État moderne.


IV

Si l’on voulait constituer en France un ministère équivalent, en suivant le même procédé, il faudrait d’abord prendre pour noyau notre Office du travail qui, comme on le sait, se compose de trois bureaux : 1o  statistique du travail et des assurances sociales ; 2o  syndicats professionnels et études d’économie sociale ; 3o  statistique générale. Excepté le deuxième bureau, qui pourtant est un bureau d’études et n’est que cela, l’Office français du travail n’est qu’un office de statistique. Il a pour mission « de recueillir, de coordonner et de publier toutes informations relatives au travail, notamment en ce qui concerne l’état et le développement de la production, l’organisation et la rémunération du travail, ses rapports avec le capital, la condition des ouvriers, la situation comparée du travail en France et à l’étranger, etc. » Il a sans doute un service extérieur d’enquêteurs permanens et d’enquêteurs temporaires, mais ce sont encore des agens d’étude, leur nom même l’indique ; et il peut fournir à la législation des matériaux, mais très indirectement, et à aucun degré il ne participe à la faire ; à aucun degré non plus il ne contribue à l’exécuter ; ce n’est point un service actif, il est éminemment passif et neutre ; il enregistre, pour ainsi dire automatiquement, les faits sociaux qui se rapportent au travail, sans essayer de les diriger dans un sens ou dans l’autre ; il fait de la physiologie sociale ; il est, reprenons le mot, le laboratoire de recherches de notre ministère du Commerce, et rien ou presque rien de plus.

On devrait tout de suite lui adjoindre la Direction du travail et de l’industrie, créée par M. Mesureur, lors de son passage aux affaires, et qui comprend également trois bureaux : 1o  industrie, travail dans les manufactures ; 2o  propriété industrielle ; 3o  caisses d’épargne, assurances, retraites, coopératives : service actif