« 1o relevés statistiques sur les salaires des ouvriers ; 2o relevés statistiques sur les secours payés par les caisses de malades par suite d’accidens ; 3o travaux préparatoires pour une statistique suisse des fabriques et des métiers. » Mais M. Greulich ajoutait, — je cite textuellement : Le secrétariat ouvrier doit avoir aussi pour mission « de sauvegarder et de développer les intérêts de la classe ouvrière dans le domaine de l’économie sociale tout entière ; c’est un organe qui examine et étudie les conditions de l’ouvrier dans toutes les directions, qui recueille les vœux et les demandes des ouvriers, pour autant du moins qu’elles sont de nature économique et se rapportent à la législation, et qui les présente chaque fois sous une forme permettant qu’elles soient prises en considération et qu’il y soit satisfait. » — Et ce n’est sans doute pas dit en une langue irréprochable, mais on voit assez la tendance.
On aperçoit non moins clairement qu’il ne s’agit pas de confier cette tâche à « une administration officielle quelconque. » Par un secrétariat, libre de toute attache gouvernementale, — ou à peu près, car l’État ne lui promet qu’une maigre subvention de 5 000 francs, — « ses recherches se feront plus promptement et en meilleure connaissance de cause qu’il ne serait possible de les faire en employant tout l’appareil bureaucratique. » On se méfierait presque du gouvernement et de ses prétentions à mettre, en échange de ses 5 000 francs, la main sur le bureau qui se constitue avec son consentement et son concours, mais à côté de lui et en dehors de lui. « Il n’est pas nécessaire et surtout pas désirable que le secrétaire réside à Berne. Au contraire, il est bien plutôt dans l’intérêt de son indépendance de ne pas le faire vivre dans l’atmosphère intellectuelle de l’administration fédérale, mais de l’en tenir éloigné[1]. » En faut-il davantage pour montrer qu’entre un ministère du Travail, le ministère belge, si l’on veut, pris comme type, et le secrétariat ouvrier suisse, il n’y a pas la moindre ressemblance ?
Il y en aurait beaucoup plus entre ce ministère et le Département américain du travail, qui, lui, est bien « une administration officielle, » un organe d’État ; mais peut-on dire : un ministère ? À le suivre en ses origines, on remonte jusqu’en 1865. Cette année-là, « un membre du Congrès ayant exprimé le vœu de voir limiter
- ↑ Voyez : Secrétariat ouvrier suisse, Dossier des actes, compulsé sur l’ordre du Comité central de la Société fédérale du Grutli, par H. Scherrer, avocat. Berne, imp. W. Büchler, 1888.