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1846, en 1866, et en 1880, était, dans sa première partie, comme une grande comptabilité, — matières et personnel, — de l’industrie belge. Il s’étendait à la nature, au nombre, à la répartition géographique, à la date de fondation des entreprises et métiers qui existaient alors en Belgique ; à la nature des produits des industries et métiers ; au nombre et à la qualité des chefs d’entreprise ; au nombre des personnes qui prennent part à la direction, à l’administration et à la surveillance ; au nombre, par catégories d’âge, des ouvriers et ouvrières. Au point de vue de la sécurité plus qu’à tout autre sans doute, on recherchait la nature et le nombre des moteurs employés, renseignemens joints sur la force de certains d’entre eux ; le nombre et le système des chaudières à vapeur servant à produire la force motrice, ainsi que leur surface de chauffe et la tension de la vapeur en atmosphères. Le recensement allait au-delà et, touchant ici l’ouvrier, s’inquiétait de sa condition, s’informait de la durée journalière habituelle du travail et des repos, du montant des salaires selon les spécialités professionnelles, le sexe et l’âge ; s’enquérait, dans les localités où résidaient les ouvriers des industries et des métiers, comme dans celles où ils travaillaient, du nombre et de la composition des familles constituant un ménage et dont un ou plusieurs membres étaient occupés, en qualité d’ouvriers, dans les métiers ou les industries ; relevait le lieu et l’année de naissance, le sexe et l’état civil des ouvriers et des membres de leur famille appartenant au même ménage.

Il distinguait d’ailleurs entre l’industrie proprement dite, — entendez la grande industrie, l’usine, et les métiers, — entendez les petites industries de famille ; et, dans les métiers comme dans l’industrie, entre le chef d’entreprise et l’ouvrier : de l’un et de l’autre, on donnait soigneusement la définition : « Le chef d’entreprise est celui qui, au moyen de son propre outillage, opère le déplacement, la manipulation ou la mise en œuvre d’une marchandise quelconque, soit seul, soit avec le concours de personnes salariées par lui, et qui travaille pour le consommateur. — L’ouvrier est celui qui, en vertu d’un contrat exprès ou tacite, fournit son travail à un chef d’entreprise moyennant salaire. Une liste, annexée aux instructions que recevaient les agens chargés du dépouillement des bulletins-questionnaires, et qui devait les guider dans les cas douteux, énumère cent soixante-douze professions et métiers exercés par des chefs d’industrie, depuis