L’ORGANISATION DU TRAVAIL
Il y aura, cette année, soixante ans qu’un tel titre parut pour la première fois en tête d’un pamphlet signé du nom, peu connu encore, de Louis Blanc, dans la Revue du Progrès social. Il y en a cinquante que le système, mis en application, fit avec les « ateliers nationaux » une faillite retentissante. Le Gouvernement provisoire n’avait pas su où l’on le menait lorsque, s’engageant « à assurer l’existence de l’ouvrier par le travail » et « à garantir du travail à tous les citoyens, » il avait institué, aux termes de son décret du 26 février 1848, une Commission du gouvernement pour les travailleurs, qui assumait la tâche « spéciale et expresse de s’occuper de leur sort, » et qui s’en occupa si bien que, dans l’espace de quelques mois, elle épouvanta les patrons, arrêta net les métiers, détruisit toute activité et en arriva à proposer l’expropriation des entrepreneurs, — non toutefois (rendons cette justice à l’honnêteté de ses intentions) sans qu’ils fussent au préalable « largement indemnisés. » C’était aller d’une seule traite jusqu’au bout du socialisme d’État, et même du socialisme tout court.
En reprenant aujourd’hui ce titre décrié et tombé au rebut, nous ne songeons nullement à remplir les vastes desseins et à tenir les promesses folles dont on l’avait enflé. Non, malheureusement, nous n’avons point trouvé le moyen « d’assurer l’existence de l’ouvrier par le travail, » ni surtout « de garantir du travail à tous les citoyens ; » et il n’est pas de commission gouvernementale, du Luxembourg ou d’ailleurs, qui nous semble pouvoir d’un coup de baguette défaire une société où il y a tant d’infortune et refaire une société où il y aura tant de félicité. En une ou en plusieurs