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Affaires étrangères, et s’appliquait à rallier ses collègues à l’entreprise commencée. Notre ambassadeur à Rome achevait habilement la démonstration. Bientôt les deux gouvernemens se mettaient d’accord pour faire procéder aux dernières études officieuses et arrêter définitivement les termes de l’arrangement.

Il s’agissait, comme nous l’avons déjà dit, de déterminer par un examen contradictoire, les modifications que les deux pays devaient encore introduire, sur certains points, dans leurs tarifs de faveur. C’était un travail technique qui demandait, pour aboutir, à être conduit par des hommes du métier, doués d’assez de largeur de vues pour subordonner au besoin des considérations fiscales à l’importance supérieure du rapprochement qu’on se proposait. Cédant aux sollicitations du nouveau Cabinet italien, avec un dévouement qui témoigne à la fois de son patriotisme et de sa modestie, l’ancien ministre du Trésor, M. Luzzatti, consentait à se charger de cette tâche assez ingrate. Nul ne pouvait y apporter plus de compétence et d’autorité.

Au mois d’octobre, M. Luzzatti arrivait à Paris, où il était aussitôt mis en relations avec MM. Bompard et Chandèze, directeurs, l’un au ministère des Affaires étrangères et l’autre au ministère du Commerce, et avec M. Bousquet, directeur général des douanes. M. Barrère, alors en congé, leur prêtait sa collaboration, ainsi que M. le comte Tornielli. Inutile d’ajouter que les conférences se poursuivaient sous le contrôle des deux gouvernemens, tenus jour par jour au courant des résultats acquis et des difficultés survenues.

Ces travaux préparatoires étaient terminés au commencement de novembre, vers le temps même où la France était occupée à son tour par les péripéties d’une crise ministérielle. Dans le Cabinet constitué sous la présidence de M. Dupuy (1er novembre), M. Delcassé conservait heureusement le portefeuille des Affaires étrangères qui lui avait été confié dans l’administration précédente (28 juin) : aussi réussissait-il sans peine à faire approuver par le Conseil des ministres le résultat des pourparlers suivis depuis plus de deux années avec une méritoire ténacité.

Le 21 novembre, M. Delcassé et M. le comte Tornielli terminaient définitivement les négociations par l’échange des lettres qui consacrent le rapprochement commercial entre la France et l’Italie.

Le même jour, le gouvernement de la République saisissait