La prudence conseillait de n’engager aucune négociation officielle avant d’avoir la certitude que, sur ces points essentiels, il pourrait y avoir accord de vues entre Paris et Rome.
De plus, il fallait combiner les stipulations projetées de telle sorte que, de part ni d’autre, on ne pût douter de l’approbation subséquente des Chambres. Mieux valait laisser les choses en l’état, que de courir au-devant d’un échec parlementaire, dont l’effet eût été de soulever, ici et là, des discussions aigres et de réveiller les passions assoupies. La leçon de 1886 n’était point oubliée : les deux gouvernemens avaient alors conclu un traité de navigation, qui, après avoir été voté par la Chambre italienne des députés, avait été repoussé au Palais-Bourbon ; dix ans plus tard, les relations maritimes des deux pays souffraient encore de la rupture qui s’en était suivie. Rien ne devait donc être négligé maintenant pour prévenir le renouvellement d’une crise analogue.
Pour des motifs de même ordre, il convenait de ne pas ébruiter les démarches officieuses que comportaient la reconnaissance et la préparation du terrain : une publicité prématurée n’aurait pas manqué d’inquiéter les intérêts et de fournir à la presse des deux pays matière à des discussions et à des polémiques inopportunes.
Ce travail préliminaire devait faire pendant plus d’une année l’objet de pourparlers discrets et laborieux entre l’ambassade de France à Rome et le gouvernement royal, représenté par MM. di Rudini, Visconti-Venosta et Luzzatti. La longue durée de ces conférences confidentielles s’explique par l’importance des sujets en cause et par le caractère délicat des transactions dont il fallait combiner les élémens. La plus parfaite courtoisie ne cessait de présider aux débats ; mais, pour en assurer l’issue favorable, ce n’était pas trop de la foi que les délégués avaient dans la valeur des résultats en vue, ni du désir d’entente dont leur patriotisme s’inspirait réciproquement.
L’accord finit par s’établir sur tous les points. Dans les derniers jours de 1897, j’avais la satisfaction de pouvoir garantir au gouvernement de la République que le gouvernement italien acquiesçait aux demandes que nous avions formulées comme conditions essentielles et sine qua non de l’entente projetée.
Il ne restait plus qu’à examiner les modifications de détail, qui étaient désirées de part et d’autre, dans les tarifs respectifs : c’était là un travail à confier à des délégués techniques, travail